Le samedi 20
septembre 2008
a
été tourné aux Petites-Dalles un spot
publicitaire japonais
avec l'acteur américain Brad Pitt !
Laurence
Tiger nous raconte cette journée mémorable.
En arrivant aux
Petites Dalles le samedi 20 septembre en début
d'après-midi, on a vu
immédiatement qu'il se passait quelque chose d'inhabituel...
Dans la
rue Joseph Heuzé, après le restaurant de
l'Espérance se dressait une
barricade qui laissait le passage uniquement
aux véhicules des
riverains, gardée par un homme armé d'un
talkie-walkie. Une fois cet
obstacle franchi, on pouvait aller jusqu'au bout de la rue,
mais à
pied.
Sur le parking de la plage, un spectacle encore plus
inhabituel : un énorme autocar blanc était
garé, des camions de toutes
sortes et de toutes tailles, trois grandes tentes noires
(qui me dit
on servirent de cantine, car un repas pour 130 personnes y fut servi),
des câbles dans tous les sens, des morceaux de décor,
(comme des
petites boutiques de bois, des étalages de marché,
auxquels étaient
accrochés des gousses d'ail ou des paniers remplis de
légumes), dans un
coin un décorateur, avec une coiffure rasta, était en
train de piquer
un morceau de tissu sur une vieille machine à coudre de
professionnel.
Partout des gens couraient, l'air affairé, d'autres semblaient
attendre... Entre la cabine téléphonique et la
plate-bande en brique se
dressait une autre barricade, interdisant tout accès
à la plage.
Derrière cette barrière, un véhicule break
de la gendarmerie, trois ou
quatre gendarmes, et des membres d'un service d'ordre, tous avec des
talkies-walkies, interdisant à quiconque de passer. Sur la
mer, une
barque effectuait des aller-retour avec 2 figurants en T-shirts blancs
à son bord.
Devant la barrière, quelques badauds, des Dallais
pour la plupart, (et surtout des Dallaises, il faut bien le
dire), et
là on m'apprit qui était l'acteur que tout le monde
attendait. Aussi
incroyable que cela puisse paraître, c'était Brad
Pitt ! Un peu
incrédule, ne sachant pas s'il s'agissait d'une vague rumeur
ou d'un
fantasme, je vis alors Philippe Duboc, le responsable de la plage et
des cabines, qui courait lui aussi dans toutes les directions d'un air
pressé. Lui saurait me renseigner... "C'est bien lui," me
confirma-t-il, "il est arrivé tout à l'heure et il
est installé chez
les Gibon dans la maison qui donne sur la plage."
Alors à ce
moment-là les conversations se sont emballées. LE
Brad Pitt, celui de
"Thelma et Louise", de "7 ans au Tibet", "Ocean 11, 12,
13", LE
sex-symbol américain (élu 2 fois l'homme vivant le
plus sexy de la
planète par le magazine People, ref Wikipedia), celui
d'Angelina Jolie
et dont le sourire s'affiche sur des milliers de couvertures de
magazines toutes les semaines ... Incroyable. Devant les
barrières les
habitués de la plage sont restés, curieux de voir la
suite des
évènements, puis vinrent bientôt s'ajouter
des promeneurs, des déçus de
ne pas pouvoir aller sur la plage, des dames avec leurs chiens qui
décidèrent d'attendre en faisant des mots
croisés, en tricotant ou en
lisant leur journal, assises devant les fleurs. Certains
apostrophèrent
les gendarmes, furieux de ne pas pouvoir passer. Les gendarmes
gardèrent leur calme et leur courtoisie, l'air assez content
d'être
investi d'une mission de cette importance, plutôt que
d'aligner
les sympathiques PV pour stationnement interdit que nous avons
coutume
de trouver sur nos pare-brises...
Le spectacle sur le parking
continua un certain temps et on vit passer des personnages assez
atypiques : un homme tout rond, chauve,en maillot de bain ( que
certains reconnurent comme étant un des figurants de Fort
Boyard), un
très grand avec un minuscule maillot et un bonnet de bain sur
un crâne
en forme d'oeuf, une dame rondelette dont les formes
débordaient
largement du maillot, des enfants vêtus de shorts et de
chemisettes,
des jeunes garçons en tenue de tennis, tous sortis tout droit
des
années 50. Quelques Japonais assez
excités, se déplaçant en
groupes
de 5 ou 6. De la plage on n'apercevait rien,
à part le haut de cabines
en tissus à rayures rouges et blanches. A noter, le passage
fréquent
d'un personnage tout aussi insolite, mince, les cheveux coupés
au
carré, vêtu d'un costume de velours
moutarde et d'une cravate à
rayures horizontales noires et blanches, suivi par toute une ribambelle
de techniciens, qui se révéla être Wes
Anderson, le réalisateur du film
publicitaire. Toute tentative de sortir un appareil
photo fut
sévèrement réprimandée par le
service d'ordre ou les gendarmes. Une
dame armée d'un gros appareil et d'un bloc-note n'eut pas
beaucoup plus
de succès, sans doute l'envoyée spéciale du
"Courrier cauchois".
Soudain
on sentit une sorte d'effervescence. On entendit le chef du service
d'ordre clamer dans son talkie-walkie, "Il arrive !". Tout le monde
retint son souffle et les regards se dirigèrent vers un petit
groupe de
personnes qui apparut derrière les tentes noires. De loin on
ne
distinguait rien, mais comme ils
approchaient, nos yeux furent attirés
par une silhouette vêtue entièrement de jaune,
jusqu'au chapeau. C'est
ainsi qu'apparut devant nous Brad Pitt, dans un
costume en éponge et un
bob... Il y eut de part et d'autre un silence, un bref
instant
palpable de stupeur et d'étonnement, comme si
lui-même, se sentant
quelque peu ridicule d'apparaître dans un costume aussi
inattendu, ne
savait quelle attitude adopter devant tous ces gens qui venaient pour
l'apercevoir. Puis quelqu'un cria "Bonjour !" en agitant la main dans
sa direction, et d'autres cris de bienvenue et des bravos suivirent. Il
répondit "Hello !" avec un sourire, et disparut
aussitôt, happé par
l'escalier de la plage et la meute de personnes qui l'entourait.
Le
tournage commença, le nombre de badauds derrière la
barrière augmenta,
mais impossible d'apercevoir quoi que ce soit à part le haut
d'un bob
jaune de temps à autre. Le bruit de la mer couvrait tous les
autres
bruits. Régulièrement les membres du service d'ordre
criaient "Silence,
s'il vous plaît ! " en direction de la foule qui riait et
s'exprimait
un peu trop fort. A la fin de la prise, on avait droit à un
"Merci !"
retentissant qui nous autorisait à nouveau à parler
et faire du bruit.
L'après-midi,
s'étira lentement, la foule continuant de s'amasser sur le
parking,
certains repartant lassés d'attendre qu'il se passe quelque
chose
d'important, déçus de ne pas pouvoir aller sur la
plage..
Plus
tard,vers 17.00, on me dit que l'accès à la
plage était de nouveau
autorisé. Dans la rue je croisais une grosse
voiture aux vitres
teintées qui repartait, suivie du regard par les passants
curieux. Sur
la plage et le parking, les décors qui avaient
demandé deux jours
d'installation étaient déjà
remballés, les tentes noires avaient
disparu et les techniciens et les figurants remontaient dans le grand
autocar blanc. Une heure plus tard, notre plage avait retrouvé
son
aspect habituel et sa tranquillité.
De cette journée on ne
pouvait tirer qu'une seule conclusion, les endroits extraordinaires ne
peuvent qu'attirer des gens extraordinaires et, comme l'on fait
remarquer plusieurs Petits-Dallais, on trouvera assez ironique que la
plage des Petites Dalles, où les liaisons des
téléphones portables sont
plus qu'aléatoires, ait été choisie comme
décor pour la publicité d'un
opérateur téléphonique...
Laurence
Tiger