Il faut visiter
nos plages normandes

avec cartes et plans

vers l'année 1900

(document trouvé par Martine Samson)




(Cliquez sur les images pour les agrandir)

Pages 62 à 67 :

... Les Petites Dalles datent à peine de quarante ans et sont situées dans un beau vallon. De belles villas et de coquets chalets ont remplacé, les chaumières des pauvres pécheurs de jadis.
La vallée est ombragée de grands arbres et le village est coupé, en tous sens, par des routes. C'est la station à la mode, une des plus fréquentées du littoral. Il y a un petit port d'échouage où l'on pêche la crevette, des coquillages et du poisson.
Dans la falaise on remarquera une arche d'une grande hardiesse, taillée naturellement.
Les environs sont charmants, entre autres Saint-Martin-aux-Buneaux, village magnifique avec ses vieilles maisonnettes à toits de chaume, çà et là, au milieu des arbres. Chaque maison a un jardin, une prairie, une ferme, un hangar ; le village a une grande étendue de terre.
La route accidentée est ombragée par les hêtres, les peupliers, les chênes, les platanes. On est étonné de la beauté du paysage.
Des Petites-Dalles aux Grandes-Dalles, par la falaise, on arrive en vingt minutes.
Les Grandes-Dalles, bourg de 1.400 habitants, situées dans une étroite vallée, se composent d'une rue avec des maisonnettes en bois et des cabanes rustiques.
Sur la plage resserrée, un petit chalet avec une caloge recouverte de chaume sur une construction en planches.
L'avancement des falaises abrite la plage et permet de se baigner par tous les vents.
Plage de galets à marée haute, de sable à marée basse. Des rochers couverts de varech se découvrent à marée basse.
Les Grandes-Dalles sont sur le territoire de la commune de Sasselot-le-Mauconduit, où l'on voit un château du XVIIIe siècle, que l'impératrice d'Autriche habita, en 1875, pendant la saison des bains.
« L'incognito de la souveraine, une fois percé à jour, ainsi que le rapportait le Petit Parisien, les bonnes gens de Sassetot-le-Mauconduit, Veulettes, Saint-Valery, Veules et autres lieux circonvoisins, s'ingénièrent à qui mieux mieux pour lui ouvrir toutes grandes les clôtures de leurs champs. Croyez que chacun y trouvait son bénéfice. La comtesse Hohenembs fut bientôt plus connue que le loup blanc. Aussi bien, quand on l'avait vue une fois, était-on sûr de ne pas l'oublier. Sa Majesté portait, en effet, en tout temps et en tous lieux, le même costume de cretonne noire : jupe et tunique garnies d'un biais noir galonné ; paletot en drap noir, forme hongroise, soutaché de noir ; chapeau de paille noire très simple, orné seulement d'une grappe de cerises noires. Autre particularité qui aidait à la faire reconnaître : un magnifique nègre en costume abyssin suivait à distance la souveraine, tenant en laisse un grand chien danois.
C'est à Sassetot-le-Mauconduit que l'Impératrice, qui était une écuyère incomparable, exécuta ce fameux tour de force dont on s'entretint dans tous les journaux et qui plongea son entourage dans une véritable stupeur. Le château de Sassetot est entouré d'un large fossé avec un mur à hauteur d'appui. La jeune souveraine, revenant de la chasse avec de nombreux invités à cheval comme elle, éperonna sa monture et lui fit franchir ce fossé en criant : « Qui m'aime me suive ! » Plusieurs s'y essayèrent, en effet : deux ou trois culbutèrent ; le reste tourna bride. »
Le touriste qui voudrait se rendre aux Grandes-Dalles pourra descendre à la gare de Coucy.
Deux kilomètres plus loin, on arrive à Saint-Pierre-en-Port qui est situé au milieu des arbres, sur un plateau, à quatre-vingt-dix mètres d'altitude. On y trouve des ruines nombreuses, ce qui semblerait indiquer que c'était autrefois une ville assez importante. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une rue principale bordée de haies vives, de talus gazonnés, de hêtres et de peupliers, où l'on voit des fermes, des maisonnettes, des cours, des mares.
A l'extrémité de cette rue, on se trouve dans la plaine.
Si l'on descend le chemin qui conduit à la plage, le village disparaît derrière un rideau boisé et feuillu. Après avoir longé le château de Trémouville, on aperçoit la mer au tournant : de cet endroit, le coup d'oeil est ravissant. La vallée se dirige doucement vers la mer, avec çà et là, des villas et des chalets.
 Cette station balnéaire, qui date de 1882, fut créée par un ancien notaire du pays, qui s'y est ruiné.    
On y voit un joli petit casino, à la droite duquel, près de la falaise, on aperçoit, à marée basse, une source d'eau bicarbonatée ; l'Hôtel des Terrasses, très confortable ; le Chalet des Hortensias ; la Villa Saint-Pierre, avec des lambris en vieux chêne provenant du Palais-de-Justice de Rouen ; le Chalet Bréard, où les baigneurs se donnent rendez-vous, à certaines heures.
La vie est peu coûteuse ; les environs sont pittoresques avec d'agréables promenades.
La plage, de galets à marée haute, de sable à marée basse, est entourée de rochers couverts de varech.
On peut faire de belles promenades dans le bois d'Eletot, près de la plage, et un peu plus loin les futaies de Fond d'Angerval et la côte d'Ecretteville. La croix du cimetière d'Ecretteville-sur-Mer est assez remarquable ; elle date de 1522.

Il faut visiter nos plages normandes
Avec cartes et plans
pp. 62-67
J. GIRIEUD
Editeur
Rue des Carmes, 58 et 60
ROUEN