Mesdames,
L'éloignement où se trouvent les écoles communales dont dépendent les Petites-Dalles a inspiré à Mme Derbanne le désir de créer dans le village même un lieu de réunion pour la première enfance.
En octobre dernier (1876) Mesdames Charon et Boubet ont accepté de mettre à exécution la pensée de Mme Derbanne et le samedi 4 novembre, jour de St Charles, l'Asile des Petites-Dalles a été ouvert sous la présidence de Mr le Curé de St Martin qui a bien voulu en bénir le local et dire ce jour là la sainte messe pour les enfants à laquelle quelques uns d'entre eux ont assisté, accompagnés de leurs parents.
La tenue de l'Asile a été confiée à Mme M. que son âge et les services rendus dans le village prédisposaient à la confiance des familles. Elle s'est fait seconder dans sa tâche par sa petite fille, Berthe, âgée de 14 ans.
Lors de l'ouverture de l'Asile le nombre des enfants était de 20 environ; il s'est élevé jusqu'à 30 dans le courant de l'hiver et a peu varié jusqu'à la fin de juillet; il est redescendu à 20 dés le 1er août sous l'influence d'un mauvais sentiment de quelques familles (jalousie de dons faits à des nécessiteux) et peut-être aussi de la négligence apportée par la gardienne dans l'accomplissement de son devoir.
Pour faire face aux frais d'installation et d'appropriation du local, au paiement du loyer, du chauffage, du mobilier (toutes dépenses que nous vous ferons connaître), nous avons fait appel à toutes les bourses pendant la saison des bains, et nous avons sollicité particulièrement des familles de la ville propriétaires dans la localité une contribution annuelle destinée à faire vivre l'oeuvre.
Le montant des recettes s'élève jusqu'à ce jour à la somme de 768,50F, le total des dépenses à 437,35F; il reste donc en caisse 331,15F destinés à donner toute sécurité aux dames administratrices pour l'année scolaire 1877-1878 (report). (En marge: Report: la somme de 331,15F sera augmentée fin décembre de quelques dons promis et non encore versés).
La somme des dépenses est ainsi répartie: pavage de la salle, ouverture d'une grande fenêtre, menuiserie du mobilier des enfants, achat d'un poële et de divers objets de 1ère nécessité, tels que: seaux, brocs, cuvettes, etc. entourage du préau, galet, et construction d'un petit abri pour les lieux. (Une partie des matériaux de ces deux derniers objets a été donnée par Mme Boulare (?).
Les causes qui ont inspirées la fondation de l'Asile en assurent la durée. Cependant il ne faut pas nous dissimuler que nous avons contre nous l'insuffisance de la gardienne à remplir la mission qu'elle a acceptée. Ainsi, elle est très rarement exacte aux heures désignées pour l'arrivée des enfants qui l'attendent souvent seuls, soit dans la salle d'Asile, soit dans la masure qui avoisine sa demeure; malgré avis contraires, elle envoie les enfants promener en nombre avec sa petite fille et se repose trop sur elle de la conduite des enfants et de leur instructions.
Malheureusement toutes ces observations lui ont été faites souvent sans qu'elle ait paru en tenir compte car il n'y a pas eu amélioration.
En avril, mai, juin, nous avons interrogé les enfants sur ce qui leur avait été enseigné pendant l'hiver: ces débuts étaient satisfaisants vu l'état primitif dans lequel ils étaient arrivés à l'Asile, mais j'ai le regret de dire qu'il n'y a eu depuis aucun progrès. Ainsi les chants ont cessé et il y a nombre d'enfants qui ne reçoivent pas leur part d'enseignement.
La gardienne de l'Asile avait cru pendant l'hiver devoir appliquer aux enfants de l'Asile les congés des écoles or nous avons fait supprimer dés juin le congé du jeudi et en août nous lui avons remis 10F pour l'indemniser de ses journées de fin d'été lui disant que nous entendions que l'Asile soit ouvert tous les jours de travail et que les enfants ne devaient participer nullement aux vacances des écoles communales.
A titre d'encouragement nous croyons devoir proposer au comité la remise à la gardienne d'une gratification de fin d'année se montant à 25Francs, ce qui avec les 10Francs des jeudis d'été, la met en réalité à 35Francs, somme suffisante pour une première année, en considérant surtout le peu d'exactitudes et de zèle des 4 derniers mois.
Après vous avoir initiées, Mesdames, à ce que nous avons fait pour l'Asile depuis sa fondation, au nom de tous, nous vous prions de faire acte de votre part d'autorité en constituant notre société sur les bases qu'elle comporte et nous terminerons ce long rapport par l'exposition des motifs qui font le but de notre réunion.
Petites-Dalles, le mardi 18 septembre 1877.
S. Boudet.
L'éloignement des écoles paroissiales dont dépendent les Petites-Dalles (3 Kilomètres) a inspiré la pensée de fonder dans le village même un Asile pour y recevoir les enfants des deux sexes au-dessus de deux ans et au-dessous de six ans.
L'Asile est placé sous la protection des Dames fondatrices, propriétaires aux Petites-Dalles.
L'administration en sera confiée à un Comité Directeur composé des Dames fondatrices, lequel renfermera une Présidente et une Inspectrice-Trésorière.
Néanmoins chaque Dame fondatrice à le droit d'Inspection et est invitée à en user pour le bien de l'oeuvre.
L'adhésion au titre de membre fondateur est annuelle et laissée au bon vouloir de chacun.
Le Comité-Directeur prend à sa charge:
1/ Le loyer et l'entretien du local.
2/ L'achat et l'entretien du mobilier qui restera sa propriété.
3/ Le chauffage d'hiver.
4/ La gratification de fin d'année au profit de la gardienne.
Les ressources de l'oeuvre sont:
1/ Une contribution annuelle et facultative des membres fondateurs, payable du 1er juin au 15 août.
2/ Des dons de bourse de 10F par an au bénéfice des familles pauvres.
3/ Des dons volontaires.
Le Comité Directeur se réunira dans la salle d'Asile deux fois pendant la saison d'été:
Le 1er lundi d'août à 2 heures pour y entendre lecture du rapport de la saison d'hiver et le 2ème lundi de septembre pour y fixer le budget de l'année suivante qui commencera au 1er octobre.
L'état de propreté de la salle d'Asile sera entretenu par la gardienne. Elle devra en laver la salle chaque semaine, le samedi soir, et ne pourra la faire servir à aucun autre usage que celui de sa destination, ni y recevoir d'autres personnes que les membres du Comité.
L'Asile a été ouvert le samedi 4 novembre 1876. Chaque enfant y est admis moyennant une légère contribution mensuelle au profit de la gardienne.
Les enfants sont reçus à l'Asile tous les jours de la semaine excepté le dimanche
En été, de 8h du matin à midi et de 2h du soir à 6 heures.
En hiver, de 9h du matin à midi et de 2h du soir à 5 heures.
Le règlement d'été commence au 1er mai, et celui d'hiver au 1er octobre.
Les enfants de l'Asile ne suivent en aucune manière les vacances et congés des écoles communales. Ils seront reçus à l'Asile tous les jours de travail sans autres exceptions que le jour de l'an, le lundi et le mardi de Pâques, le lundi et le mardi de Pentecôte et le jour de la fête de Sassetôt.
Les jours de mauvais temps, les parents sont autorisés à apporter à l'Asile à leurs enfants le repas de midi et à le leur faire manger.
L'enseignement des enfants comprend:
les premières prières, quelques éléments de doctrine chrétienne, les éléments de la lecture, de l'écriture s'il y a lieu, à compter jusqu'à 100, les jours de la semaine, les mois de l'année, les saisons, un peu de chant et de couture.
Les enfants seront constamment sous la surveillance de la gardienne et tenus dans une extrême propreté.
Les jours de beau temps, la gardienne pourra les conduire en promenade soit dans les bois environnants, soit au bord de la mer pendant deux heures de l'après-midi et comme récompense.
La salle d'Asile sera ouverte une demi-heure avant l'arrivée des enfants, et fermée seulement une demi-heure après celle fixée pour leur retraite.
La gardienne de l'Asile est chargée de la discipline des enfants et de leur instruction.
Elle pourra se faire seconder dans l'exercice de ses fonctions auprès des enfants, mais elle devra toujours être présente à l'Asile et dés son ouverture.
En cas d'infraction de ce dernier article elle sera passible d'une retenue 0,50F à 1F sur sa gratification de fin d'année.
La rétribution mensuelle des enfants au profit de la gardienne est ainsi fixée:
1F pour un enfant,
1,50F pour deux enfants, frère et soeur,
2F pour trois enfants de la même maison.
Aucun enfant ne sera admis gratuitement.
La gardienne de l'Asile recevra du Comité Directeur, à la fin de chaque année, un supplément de traitement sous forme de gratification.
Cette gratification sera basée sur le nombre des enfants qui auront fréquenté l'Asile pendant l'année et sur le zèle et l'exactitude de la gardienne dans l'exercice de ses fonctions.
La gardienne de l'Asile inscrira chaque mois sur un registre qui lui sera remis à cet effet, les noms et prénoms des enfants présents à l'Asile avec la date exacte de leur naissance.
La gardienne de l'Asile contractera envers le Comité Directeur un engagement annuel par le fait même de sa présence à l'Asile en octobre.
Cet engagement est renouvelable chaque année au 1er octobre. En cas de retraite dans le courant de l'année scolaire elle perd tous ses droits à la gratification de la fin de l'année (en 7bre).
Nota. Par exception, et seulement pendant les vacances des écoles communales, la gardienne pourra recevoir à l'Asile tous les enfants qui lui seront présentés, au-dessous de 11 ans.