L'Impératrice
d'Autriche,
"Sissi", à Sassetot en
1875
d'aprés "La
Chronique de nos jours"
d'Ernest
Daudet.
(Voir aussi le site de
l'association "Domaine de
l'Impératrice" sur le
séjour de Sissi au château de
Sassetot)
|
Mme Marie-Thérèse Denet-Sinsirt
nous a aimablement procuré ce très joli
portrait de Sissi, probablement plus proche de la
réalité que les portraits officiels.
|
Portrait officiel de Sissi distribué aux
photographes de
l'Empire austro-hongrois
probablement peu de temps après les noces
impériales.
Au dos de ce portrait figure le cachet ci-contre.
Il s'agit très probablement du cachet
du photographe chargé à Trieste de
la diffusion de ce portrait.
(Documents adressés par Mathias Gali).
|
|
Cachet au dos du portrait de Sissi.
|
En cette année 1875, les
médecins de la cour d'Autriche consultés sur
la santé de l'Impératrice avaient
conseillé un séjour au bord de la mer sous un
climat tempéré, en France de
préférence, et autant que possible dans un
pays frais et boisé. Il parait que la Normandie
réunissait ces conditions et le consul autrichien
à Fécamp fut chargé de trouver une
installation pour sa souveraine. A peu de jours de
là, il proposait de louer pour elle le château
de Sassetot le Mauconduit. On l'autorisa à
signer le bail...
Le village domine des bois qui descendent
vers la mer. Du sommet sur lequel s'élève le
château, on découvre à travers les
arbres l'immensité des flots et le hameau des Petites
Dalles construit sur leurs bords. Le château, vaste
bâtiment en briques date des premières
années du siècle (1805 environ). il fut
construit par le Marquis de Martainville, pair de France
sous la Restauration. En 1875 son petit fils le Marquis de
Bois Hébert le vendit à un armateur du Havre
Monsieur Albert Perquer qui le loua pour
l'Impératrice.
Madame Marie-Thérèse
Denet-Sinsirt nous précise que le docteur Widerhofer,
médecin de la Cour Impériale, avait en fait
conseillé l'air iodé de la mer pour
l'Archiduchesse Marie-Valérie.
|
|
(Cliquez sur les images pour les
agrandir)
Elle y arriva le 31 juillet 1875 avec sa fille, la
petite Archiduchesse Valérie qui avait 8 ou 9 ans, et une
suite d'environ 60 personnes. Le lendemain, elle descendait aux
Petites-Dalles où elle devait prendre les bains de mer qu'on
lui avait ordonnés...
Madame Marie-Thérèse
Denet-Sinsirt précise que l'Archiduchesse Marie-Valérie
avait en réalité 7 ans et que la suite se composait de
70 personnes.
Ce petit pays n'était pas encore ce qu'il
est devenu depuis. On y trouvait plus de chaumières que de
villas, et sa population très peu nombreuse, se composait
surtout de pêcheurs. Cependant quelques parisiens venaient
déja y passer la saison.
Ernest Daudet arriva sur la plage où les
curieux se pressaient. Il vit l'Impératrice sortir de l'eau,
svelte et rieuse (elle avait alors 39 ans), marcher un moment pieds
nus sur les galets au bras de la femme du maître baigneur, et
disparaître sous un couloir en toile qu'on avait dressé
entre l'eau et la cabine qu'elle gagnait ainsi sans être
poursuivie par les regards indiscrets. (Voir note en bas de page).
Durant son séjour de 2 mois elle prit ainsi 32 bains qu'elle
paya d'ailleurs royalement trois mille francs.
Elle faisait de fréquentes promenades en
mer, quelquefois sur un yacht mis à sa disposition par un
riche rouennais, mais le plus souvent dans une petite barque, et
seule avec le fils du maître baigneur, un garçon de 14
ou 15 ans, auquel elle se confiait préférablement
à tout autre pilote. Autant qu'elle le pouvait, elle
supprimait les formalités de l'étiquette ; longues
promenades à cheval, toujours seule, au grand désespoir
des fonctionnaires de sa cour que l'Empereur avait rendu responsable
de sa sûreté.
...Un jour, on la retrouva dans un champs
où l'on était en train de traîre les vaches,
faisant la causette avec la servante de la ferme, buvant à
même le seau rempli de lait.
...Une autre fois, perdue, elle demanda son chemin
à un vieux prêtre.
L'accident - Le 18 septembre,
l'Impératrice fut désarçonnée
dans le parc, et sa chute paraissait grave.
L'évanouissement se prolongeant, on fut obligé
de télégraphier à l'Empereur ; on en fut
quitte pour la peur. L'Empereur est-il venu la voir ? Cela
n'a jamais été tiré au clair. S'il est
venu, c'est dans un strict incognito. Le gouvernement
français l'a toujours ignoré.
Le document ci-contre est tiré
de la brochure "L'impératrice Elisabeth d'Autriche
1837-1898", Renta Stephan, éditon "Austria Imperial
Edition", Autriche, 1998, page 89 : "C'est ce chapeau que
portait Elisabeth lors d'une chute périlleuse
à Sassetot (Normandie) le 11.9.1875."
Ce petit chapeau de paille fut
présenté lors de la première exposition
sur Sissi au château de Sassetot en avril 1989
(précision donnée par Mme
Marie-Thérèse Denet-Sinsirt).
|
|
L'Impératrice quitta Sassetot le 30
septembre, trés généreuse pour tous, laissant un
trés bon souvenir. Le Maître Baigneur Delahaye Benoni se
noya l'année suivante en portant secours à un nageur en
péril et l'Impératrice s'inscrivit pour une somme
importante en tête de la souscription ouverte au profit de la
famille.
Articles et gravures parus à
cette occasion dans l'hebdomadaire:
"LE MONDE ILLUSTRE"
(Cliquez sur les images pour les
agrandir)
N° 955 du 31 juillet 1875 :
Le château de
Sassetot-le-Mauconduit, où va résider
l'Impératrice d'Autriche pendant son séjour en
France, est situé à 14 kilomètres de
Fécamp. C'est une des plus belles et des plus
anciennes terres de Normandie. Confisquée en 1204 par
Philippe-Auguste, roi de France, elle fut donnée par
ce prince à la maison d'Harcourt, une des plus
puissantes alors. Après avoir été
longtemps l'apanage de cette famille, puis des maisons de
Mauconduit et d'Estouteville, elle fut vendue en 1598 par
Marie de Bourbon, dame de Saint-Pol et d'Estouteville,
à Louis du Moncel. C'est en faveur de ce dernier que
Henri IV, par lettres patentes du mois de juin 1605,
érigea la terre de Sassetot, en plein fief de
haubert. Quelques années après, cette terre
passa dans la noble famille de Rigot, illustrée dans
la province par la bravoure, la sagesse et la science de ses
membres.
|
|
M. le marquis de Martainville, ancien maire de
Rouen, député et gentilhomme de la chambre du roi sous
la Restauration, l'acheta en 1815 de sa tante, Mme la marquise de
Folleville. Ce beau domaine est aujourd'hui le domaine de M. Albert
Perquer.
|
La commune de Sassetot
possède une fort belle église romane,
réédifiée en 1852 sur l'emplacement de
l'ancienne qui, au treizième siècle, avait
été dédiée à saint Waast
par Eudes Rigault, archevêque de Rouen.
Derrière le château de Sassetot,
encaissés entre deux collines, se trouvent les deux
vallons des Grandes et des Petites-Dalles, si
poétiques, avec leurs sites majestueux, leurs
falaises escarpées, leurs bruyères arides si
vigoureusement tranchées, qui font des ces endroits
des séjours délicieux. Depuis plusieurs
années, le charmant vallon des Petites-Dalles
augmente d'importance, la plage de sable fin y attire de
nombreux baigneurs qui fuient le bruit et les fatigues des
autres stations balnéaires; néanmoins,
l'arrivée prochaine de l'impératrice
d'Autriche et de sa suite nombreuse apporte une grande
animation dans cette contrée charmante. Les habitants
rivalisent de zèle et de goût dans la
décoration de leurs petites propriétés;
la plage des bains a été fort bien
aménagée, quoiqu'il paraisse certain que S.M.
Elisabeth lui préférera celle de
Fécamp, où un ravissant châlet-cabine a
été préparé en son honneur par
M. Eugène Dugard, directeur du Casino.
|
Cette petite construction, tout en sapin
blanc découpé, exécutée
d'après les plans de M. Quesney, architecte de la
ville de Fécamp, renferme tout le confort
désirable. Un charmant salon permettra à
l'impératrice de prendre un repos salutaire
après son bain.
G.B
|
|
N° 956 du 7 août 1875 :
L'impératrice d'Autriche est arrivée
à Fécamp samedi matin, à huit heures et demie.
Le train qui l'a amenée dans cette ville était
composé de deux voitures de la cour; dans lesquelles se
trouvaient l'impératrice avec sa fille, âgée de
huit à neuf ans, ainsi que deux dames d'honneur et deux
chambellans, et de cinq voitures où avaient pris place les
personnes de sa suite, au nombre d'environ quarante; enfin deux
fourgons affectés aux bagages.
Ce train était conduit par des
mécaniciens français, accompagnés d'un
ingénieur autrichien, et surveillé par M. de Klaudy,
inspecteur général des chemins de fer autrichiens.
L'impératrice, qui voyagea incognito sous le nom de comtesse
Hohenembs, est accompagnée de son aumônier particulier,
qui célébrera la messe à l'église de
Sassetôt.
|
M. Linger, intendant de
l'impératrice, attendait le train en gare et,
aussitôt arrivée, l'impératrice est
montée dans sa voiture et est immédiatement
partie pour Sassetôt par la route de Valmont, tandis
que les voitures de la suite prenaient la route directe. Une
foule nombreuse et sympathique attendait
l'impératrice aux abords de la gare, où un
service d'ordre était fait par la gendarmerie avec le
commissaire de police et ses agents. Au départ,
l'impératrice a été saluée
respectueusement par les personnes accourues pour la voir,
et a rendu très gracieusement tous les saluts.
L'ordre a été parfait et aucun accident n'a
troublé cette apparition très courte, du
reste, puisqu'il n'y avait aucune réception
officielle; M. le maire et M. le vice-consul d'Autriche
à Fécamp étaient sur le quai à
l'arrivée du train, qui était
accompagné d'un inspecteur de la compagnie ainsi que
d'un commissaire de surveillance administrative.
M.V.
|
(Cliquez sur les images pour les
agrandir)
Le séjour de l'Impératrice est
également relaté dans "L'Illustration" du 31 juillet
1875.
Note :
Jean-Claude Michaux émet l'hypothèse que ce
couloir de toile puisse correspondre à la barre
sombre visible sur une photographie de la plage prise en
1875 et sur le tableau de Charles Rey, daté
également de 1875. (Votre
avis?)
(Cliquez sur les images
pour les agrandir)
|
|
|