Une description des Petites-Dalles dans le roman d'Ernest Daudet
Zahra Marsy
Entre Fécamp et Dieppe, la côte de France est
bordée de hautes falaises, creusées à leur base par les marées d'hiver
et dont les sommets sont couverts d'herbages, au-delà desquels des
plateaux fertiles étalent sous le ciel leurs richesses plantureuses.
C'est tout le long de l'Océan une muraille aux flancs argileux, coupée,
de distance en distance, par des échancrures plus ou moins larges, qui
donnent aux riverains accès à la mer, et dans lesquelles de pauvres
villages se sont transformés, depuis vingt ans, en stations balnéaires.
Les Petites-Dalles sont placées dans l'un de ces plis, sur
les pentes inférieures de deux collines inclinées l'une vers l'autre.
Le vallon est étroit, boisé, fleuri dès le printemps. D'un côté, il
débouche sur une plage, moitié sable, moitié galet ; de l'autre, il
s'élève vers Sassetot-le-Mauconduit, un gros bourg qu'une route
pittoresque met en communication avec les Petites-Dalles. Ce village
noyé dans la verdure peut être considéré comme un faubourg de Sassetot.
Il se compose de quelques chalets élégants mêlés à des chaumières de
pêcheurs, aux murs desquelles grimpent des clématites, des vignes
vierges, et des rosiers. Les avancées des falaises, semblables à des
contre-forts, le protègent contre les vents de la mer ; les collines
qui l'environnent de toutes parts, en ont fait un coin privilégié,
remarquable par sa fertilité. De tous côtés, on n'aperçoit qu'arbres
touffus, ifs, hêtres et ormes, châtaigniers sauvages, gras pâturages
étoiles de fleurs, champs d'avoine et de blé, qui déroulent sur les
coteaux le tapis bariolé de leurs cultures. Nulle part, la nature n'a
paré ses trésors d'un cadre plus agreste et plus riant.
Ernest Daudet, Zahra Marsy, Ed. Dentu, Paris 1878, 276 p., chapitre X, pp131-133.