Quelques hypothèses sur l'origine des Catelets :
Ce banc rocheux est constitué d'une base de roche en silice assez dure, qui disparaît moins vite que le calcaire courant.
Il a pu être le vestige d'un promontoire qui aurait pu être encore rattaché à la côte il y a 500 ans, et qui a pu devenir une aiguille de dimension respectable comme à Etretat, ou a Senneville. Il a pu constituer une partie de la côte formant l'anse décrite par Gourdon de Leglisière en 1749. Les cartes marines anciennes dessinent un littoral beaucoup plus échancré qu'aujourd'hui.
Catelets doit probablement provenir de Castelet, soit petit fort.
Veulettes a son fort (dont une infime partie demeure préservée de l'érosion pour encore quelques années), et coïncidence ou non il s'appelle le Catelier. Notons que le Catelier est un énorme oppidum décrit par l'Abbé Cochet. La notion de petit fort est donc à relativiser.
Sur la falaise de St Martin, entre le Val et le Fonds de Villon, se trouve le Chemin de la Butte. Une butte peut aussi signifier une forteresse médiévale. La butte quant à elle n'existe plus, elle a certainement du disparaître avec l'érosion marine.
Il semble donc tout a fait normal de postuler l'existence d'un fort en bord de mer.
En conclusion partielle, temporaire et totalement conjecturale, il y a donc quelque chance d'y avoir eu à une époque lointaine au moins une construction à usage militaire à l'endroit des Catelets d'aujourd'hui.
Ce fort aurait pu faire partie de la chaîne d'oppidum gaulois occupés et transformés en forts ensuite par les Romains qui s'étendait de part et d'autre de la Manche.
Il existe d'autres pistes sur lesquelles je dois encore me pencher, notamment le trace des voies romaines, mais ce sera pour une prochaine fois.
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Remarquez le chenal plus profond (en vert foncé) qui s'éloigne du rivage en longeant les Catelets vers les Grandes Dalles, c'est probablement l'orientation que prenait la vallée dans le passé. (Photo des Petites-Dalles à marée basse tirée du site sur le "patrimoine naturel du Pays de Caux"). (Cliquez sur la photo pour
l'agrandir)
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Voici les commentaires de Pierre-François Mary quant à l'interprétation de cette photo aérienne :
La réponse de Sébastien Périaux à ces commentaires :
Tout d'abord, je tiens à répéter que mes suggestions ne sont que des hypothèses et que rien n'est moins sûr, je n'ai pas de prétention géologique ou scientifique. J'ai d'ailleurs contacté le département de géologie de l'université du Havre qui a bien insisté sur le caractère hypothétique de toute volonté de conclure, ce dont je me garde bien ! Je réponds donc point par point:
Donc, les coudes abrupts existent bien dans les valleuses du Pays de Caux. Mais on ne peut pas, et je suis d'accord avec vous, conclure qu'il y avait forcément un coude à cet endroit là. "La photo montre bien que les falaises de St Martin ne s'érodent pas comme celles de Sassetot". C'est exact, il y a des failles obliques d'un côté (l'aval), un front perpendiculaire de l'autre (amont) mais que peut-on en conclure ? Est-ce dû à l'empilement de certaines couches de calcaire ? à la position du trait de côte par rapport à la direction moyenne des vagues sous les vents dominants ? difficile de savoir... "De plus, ce virage brusque devrait son existence à une zone de roche plus dure (peu probable dans un terrain aussi homogène que la craie des falaises), dont on devrait voir la trace encore aujourd'hui dans la forme de la côte." Non ce n'est pas comme cela que cela se passe : la cause d'un coude peut être due à un obstacle, mais surtout à des phénomènes de méandre dans un matériau facilement érodable comme le calcaire : les méandres au cours du temps ont tendance à s'accentuer à cause de l'érosion fluviale (regardez les boucles de la Seine), et vont jusqu'à s'entrecouper, créant des bras morts (des boucles qui s'assèchent).
C'est exact pour la période du XXe siècle, mais cette vitesse était deux fois moindre auparavant (publications de l'université de Caen sur l'évolution du trait de côte de la Seine-Maritime). Retenir donc une vitesse moyenne de 10 cm sur 1000 ans est plus probable (soit 100 m en tout). "Faire passer la vallée entre les Catelets et "le treuil" signifie que la rive gauche de la vallée crée aussi un décalage de 100 à 150 m de la falaise de Sassetot que l'on devrait également observer, au moins partiellement." Il me semble que si l'on considère le chenal des Catelets comme le milieu de la vallée à l'époque ou elle était plus longue, il y a bien un décalage relatif. Ce qui est intéressant c'est de noter comme vous l'avez fait que le décalage est moindre, et c'est bien ce qui se passe dans les phénomènes de méandre : l'extérieur de la courbe est plus entamé, et l'intérieur moins, ce qui aurait tendance à prouver (mais ne prouve pas de manière définitive) que la vallée tournerait bien vers la gauche en direction des Grandes Dalles. Un autre indice à étudier est de déterminer si la pente amont du flanc de la falaise (donc celle de St Martin) est plus aiguë que celle aval (falaise de Sassetot). C'est ce qui se passe dans un méandre (extérieur abrupt, intérieur plus doux). Mais encore une fois, rien ne permet de conclure !
Les écrits antiques (voire Annales des Cauchois en 3 tomes) relatent fort abondamment la construction de forts et fortins tout le long de la côte cauchoise pour protéger l'Empire d'Occident vacillant contre des invasions saxonnes par la mer. Le même système de défense fut érigé en face sur la Bretagne (en vain). Je ne pense pas effectivement qu'il y ait pu avoir un véritable camp fortifié (puisqu'il y en avait un sur Veulette et un autre probablement du côté de Fécamp) mais peut être un fortin. Il y avait peut être une rivière tout à la fin de la vallée, si celle-ci faisait 100 mètres de plus de longueur (le recul des valleuses fait qu'elles s'assèchent) ; il y en a bien une aujourd'hui qui fait une résurgence à droite (coté amont) à 100 mètres de la digue ! elle est potable au fait... Néanmoins, ce n'est pas forcément une contrainte pour installer ou non un camp romain, puisque ceux-ci maîtrisaient la construction de puits. Le Catelier (ancien oppidum gaulois puis camp romain) est pour preuve situé en haut et non au fond d'une vallée. Il aurait été stratégiquement très dangereux de dépendre d'approvisionnement de la Veulette située en contrebas. De fait, tout l'habitat cauchois est principalement en plateau et rarement dans les vallées pour des raisons de salubrité et de sécurité (lire l'introduction du Dictionnaire des Communes de Seine Maritime). Les historiens et pseudo-historiens fourmillent tout au long des siècles et perpétuent tout un corpus d'informations plus ou moins vraies, plus ou moins justes. Il y a un fond vraisemblablement véridique, mais de là à savoir ce qui a vraiment eu lieu ou existé...
Le chenal existe bel et bien (on l'utilise pour sortir à basse mer) mais quelle est l'importance de l'érosion entraînée par le flux et reflux dans le bassin des Catelets par rapport à celle entraînée par le ruissellement de la pluie sur le plateau crayeux ? En revanche la carte des fonds-marins montre bien que les vallées se prolongent fort loin dans la mer. Le fichier est trop lourd pour que je vous l'adresse en fichier joint ce soir, mais il semble que les vallées de Saint-Pierre, des Grandes-Dalles et Petites-Dalles finissent par se rejoindre à plusieurs centaines de mètres de la côte actuelle. Il est probable que GD et PD se rejoignent quelque part au milieu, toujours d'après les fonds sous-marins. Aujourd'hui je ne sais pas encore à quoi attribuer l'origine des Catelets que les géologues appellent une "exsurgence"... Le nom de Catelet me fait simplement penser à un castel, donc à un fortin. Il est fort possible que les habitants aient appelé ce phénomène rocheux, car de loin il ressemblait à un fortin justement ! |
Bernard Hoyez de l'Université du Havre nous adresse les précisions suivantes quant à l'origine de cette bande de rochers qui découvre à marée basse : les "Catelets".
Le haut-fond des Catelets me paraît être simplement dû à l'érosion différentielle du platier.
Le Turonien supérieur se termine par plusieurs hard-grounds (bien visibles à la base de la falaise à l'Est de la vallée des Petites Dalles).
Ces hard-grounds sont faiblement ondulés (ondulation originelle sédimentaire). Ils déterminent un platier à carniaux*, très incommode à parcourir à basse mer...
Le haut-fond exhume vraisemblablement cette morphologie héritée du début du Coniacien.
* Carniaux : rigoles plus ou moins profondes creusées dans le platier.