Monsieur le Ministre des Cultes

Monsieur le Ministre,

Les soussignés, propriétaires et locataires habitant le hameau des Petites-Dalles, lequel dépend des communes de Sassetot-le-Maconduit et de Saint-Martin-aux-Buneaux (département de la Seine Inférieur) ont l'honneur de vous exposer:

Que la station balnéaire des Petites-Dalles prend d'année en année une plus grande importance par le nombre des constructions qui s'y élèvent successivement et par les baigneurs qui viennent les occuper et dont le chiffre atteint jusqu'à douze ou quinze cents personnes en une année.

Mais le pays déjà doté d'un bureau de postes et télégraphes, pourvu de ce qui lui est nécessaire au point de vue matériel, souffre de l'éloignement des églises situées à plus de trois kilomètres sur la hauteur du plateau dont l'accès impose aux baigneurs une fatigue incompatible avec le repos qu'on vient chercher avec les tendances d'un pays fertile et civilisé, et qui transforme la journée du dimanche en une journée de matinal labeur, car les moyens de locomotion sont insuffisants pour transporter tous ceux qui veulent se rendre aux offices.

Frappés de cet inconvénient les habitants, propriétaires et baigneurs, soucieux du développement et du renom de cette station balnéaire, se sont, sans distinction d'opinions, de religion et de fortunes, cotisés pour doter le hameau d'une chapelle dont la construction, à peu près terminée, permettra de la livrer dés à présent au culte et de porter remède à la situation étrange dont souffrent la plage et le hameau des Petites-Dalles.

Pour assurer le service de cette chapelle, les souscripteurs sont disposés à en faire, conformément à la loi, donation à la fabrique de Sassetot-le-Mauconduit sur le territoire de laquelle elle est édifiée pour être desservie comme chapelle de secours.

Vous n'ignorez pas, en effet, Monsieur le Ministre, que ce hameau, suivant le mouvement des falaises, appartient à deux communes, lesquelles, tout en bénéficiant des revenus qu'il leur apporte rejettent l'une sur l'autre les obligations qui leur incomberaient et paralysent même les efforts individuels tentés pour remédier à un état de choses digne des pays les plus arriérés.

On peut même craindre, que dans la question actuelle, ceux qui ont, avec leurs propres ressources et sans rien demander en dehors, élevé la chapelle et qui se montrent prêts à en doter la commune de Sassetot-le-Mauconduit, ne se heurtent à la plus inconcevable des oppositions, à des préoccupations étroites et irritantes, incompatibles avec les intérêts véritables du pays afin de comprimer l'essor des Petites-Dalles et d'imposer une pérégrination pénible aux baigneurs, aux femmes et aux malades.

Les soussignés osent donc espérer, Monsieur le Ministre, que jugeant les choses d'un point de vue élevé et qui est celui du gouvernement et à la lumière de votre propre jugement, vous voudrez bien autoriser à bref délai l'ouverture de cette chapelle si impérieusement nécessaire et si impatiemment attendue.

Les soussignés, Monsieur le Ministre, ont l'honneur d'être vos très humbles et très obéissants serviteurs.