Croisset, mercredi 24 juillet 1878.
Mon cher ami,
La note ci-incluse vous démontre que votre auteur travaille comme XV boeufs. J'aurais besoin immédiatement des susdites brochures et livres. Envoyez-les-moi par le chemin de fer à Croisset, ou par la poste en plusieurs paquets, ou: à Rouen, quai du Havre, 7, à M. Pilon pour remettre à M. G. Flaubert.
Je profite de l'occasion, mon bon, pour vous demander comment se portent: vous, Mme Marguerite, et les mômes et les chiens.
Je n'ai aucune nouvelle d'aucun de nos amis. Tourgueneff doit arriver maintenant à Pétersbourg. Je sais que Zola est devenu propriétaire d'une maison de campagne. Le bien public étant supprimé, dans quelle feuille continue-t-il à brandir l'étendard du naturalisme? Alphonse Daudet n'est-il pas aux Petites-Dalles? Et Goncourt? Etc.
J'ai lu l'assignation de Judith, et la lettre de son époux. C'est gigantesque. Pour moi, je suis maintenant perdu dans la politique (théorique) et je commence la seconde moitié de mon horrifique bouquin. Sur quels bords êtes-vous ?
Je vous embrasse vous et les vôtres.
Gustave Flaubert.