(Pour la compréhension du texte, il faut se souvenir que des incidents avaient émaillé cette année-là la venue aux Petites-Dalles du Ministre des Finances, Vincent Auriol.)
Le Syndicat d'Initiative des Petites-Dalles s'est réuni le Dimanche 9 Août 1936, à 10h, sous la présidence de Monsieur Gustave Ledun, président, assisté de Monsieur Blondel, vice-président, et de Monsieur Pinon, secrétaire. 34 membres étaient présents ou représentés.
Après avoir approuvé les comptes de l'exercice 1935 et désapprouvé toute manifestation inhospitalière, le Syndicat a émis a l'unanimité le voeu suivant:
- Considérant que les habitants des Petites-Dalles, fortement mis à contribution par leurs deux communes respectives, ne peuvent obtenir les améliorations nécessaires à la vie normale d'une station balnéaire sans contribuer à nouveau et payer de leurs deniers les installations indispensables.
- Que seule la taxe pour l'enlèvement des ordures ménagères, frappant exclusivement les propriétaires des Petites-Dalles, est ristournée au Syndicat parce que frappée d'une affectation spéciale.
- Que toutes les autres contributions ou taxes locales, (se montant à environ cinquante mille francs), sont uniquement profitables aux deux centres communaux.
- Qu'un nouveau projet d'adduction d'eau (le troisième) vient encore de subir un échec parce qu'il n'intéresse que la Station balnéaire des Petites-Dalles.
- Qu'un projet d'installation de trottoirs et caniveaux, cependant utile à la sécurité des enfants et des vieillards puisque l'agglomération des Petites-Dalles est desservie par une seule artère le chemin G.V. Nº 5 de Duclair à la mer, ne peut être réalisée par suite de la carence des deux communes.
- Que l'école existant depuis 34 ans, avec un mobilier acheté à cette époque à la Ville de Cany (qui l'avait réformé c'est assez dire dans quel état il est), n'est gratuite que depuis quatre ans. L'une des municipalités, qui a pourtant inscrit à son budget une somme destinée à récompenser les enfants studieux, lors de la distribution des prix, semble ignorer qu'un certain nombre d'enfants de la commune fréquentent l'école de Petites-Dalles. Ces enfants ont donc l'impression d'appartenir à une zone spéciale, en tout cas défavorisée.
- Que l'éclairage public est assuré en été par les soins et le budget du Syndicat qui a payé toute l'installation, qu'en hiver cet éclairage est également utile; la commune de Sassetot, qui a inscrit à son budget une somme de quatre mille francs pour l'éclairage public, se refuse à éclairer les Petites-Dalles, sous prétexte que son territoire s'arrête dans l'axe de la rue unique et que la commune de Saint-Martin se trouverait éclairée sans bourse délier. On croit rêver, mais c'est ainsi!
- Que le hameau compte, en hiver, 264 habitants autochtones, mais que dans le cas d'érection en commune, tous les estivants contribuables se feraient recenser aux Petites-Dalles et qu'ainsi la population monterait à plus de 400 habitants.
- Que pendant l'été la population peut être estimée à plus de 3.000 habitants et que les précautions élémentaires d'hygiène n'étant pas prises, c'est un véritable miracle qu'il ne se soit pas encore produit d'épidémie grave. L'an prochain, par suite de l'application complète de la loi sur les vacances payées, verra une affluence plus grande encore dans ce joli pays si populaire, véritable perle de la côte normande, où on trouve le charme de la mer, de la campagne et des bois.
- Que dans l'état actuel des choses, le hameau des Petites-Dalles représente une entité insatisfaite, tant qu'il appartiendra à deux communes, l'une rattachée au canton de Cany et à l'arrondissement de Dieppe, l'autre au canton de Valmont et à l'arrondissement du Havre, et qu'il sera soumis, au point de vue vicinal, à un troisième arrondissement (celui d'Yvetot), il lui sera impossible d'obtenir la moindre satisfaction.
- Que sa constitution en section de commune, rattachée à une seule commune et, à un seul canton, n'est pas souhaitable parce que la même opposition d'intérêts subsisterait.
- Que s'il était érigé en commune, son budget qui atteindrait facilement, en recettes, la somme de cinquante mille francs, lui permettrait d'assurer sa vie économique et sociale en entreprenant sans tarder tous les travaux nécessaires: mairie, école, cimetière et urbanisme.
- Que le moment paraît particulièrement bien choisi, puisque le Gouvernement veut faciliter la reprise des affaires et éviter la stagnation des capitaux, (la commune de Saint-Martin-aux-Buneaux ne tient-elle pas en réserve, depuis plusieurs années, une somme de trente mille francs en vue de réaliser une adduction d'eau potable, celle-ci étant toujours différée?)
Emet le voeu:
Que la procédure d'érection en commune du hameau des Petites-Dalles soit immédiatement reprise et charge une Commission composée de Messieurs Hébert, Chédanne, Joseph Heuzé, Forment et Blondel, d'en poursuivre la réalisation en étroit contact et accord avec les habitants dont la quasi-unanimité est favorable au projet.
Rien n'étant plus à l'ordre du jour, la séance est levée à 11h30, et ont signé:
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