En 1936, le Front Populaire exacerbe les esprits. C'est l'occasion d'incidents aux Petites-Dalles lors de la retraite aux flambeaux du 13 juillet, incidents dont la presse se fera l'écho. Voici le compte rendu, sûrement plus ou moins partial, de cette soirée par un témoin direct, mademoiselle Simone Wallon :
13 juillet 1936 : Les Parisiens et les gens du pays prennent part à la retraite aux flambeaux. On chante la Marseillaise devant l'Hôtel des Bains ; puis, précédé de la fanfare de Saint-Martin et des enfants avec des lampions, le cortège s'ébranle. En arrivant devant l'Hôtel du Clos Normand, comme il a été dit que V.A., l'actuel ministres des finances s'y trouve, les cris de "A. au poteau" et "A bas les soviets", "La France aux Français" éclatent ; puis, d'un seul jet jaillit la Marseillaise. Enfin le cortège repart jusqu'au stade. Demi-tour. Puis on repasse devant l'Hôtel "re" protestations énergiques mais sans arrêt cette fois. Résultats :
1°/ V.A. s'y trouvait effectivement, est parti dégoûté de cet accueil... gelant, le lendemain même !
2°/ Deux énergumènes qui avaient, à les entendre, chanté L'Internationale par mesure de... représailles (?!) firent croire habilement aux gens du pays que c'était un coup monté contre eux et qu'il ne fallait pas se laisser faire par les soi-disant Parisiens !
3°/ La police s'en mêla et 15 jours plus tard les gendarmes descendirent aux Dalles, et sur les dires d'un indicateur allèrent chez les Druon, Henri, P. et G. Wallon. Les accusations étant dénuées de tout fondement, on en resta là.
4°/ Dans la presse de gauche parurent des descriptions aussi fantaisistes que grotesques sur les "manifestations" dallaises, dans lesquelles on parlait de "dissous" armés de bâtons, de jeunes gens ayant bousculé Mme A. et sa fille, ayant mis M. junior à la porte d'un bal (alors que personne ne le connaissait aux Dalles !), et autres affirmations ineptes (en particulier le "Réveil d'Yvetot" et le "Papier"). Par contre les journaux de droite de la région (Fécamp, etc.), on raille toutes ses inventions pures !
5°/ En juillet 1937, pour se "venger" (et de quoi donc ?...), on ne demanda pas à la fanfare de descendre pour le 13 au soir. Ce qui n'empêcha personne de faire une retraite aux lampions par le pays ! mais enleva une contribution importante aux cotisations récoltées plus tard pour servir à une fête organisée par les gens du pays. Quand on crache en l'air... !
Note : les initiales V.A. que Mlle Simone Wallon utilisent dans ce récit correspondent évidemment à celles de Vincent Auriol à l'époque Ministre des Finances du gouvernement du Front populaire. Il sera le premier président de la IVème République de 1947 à 1954.