Décembre 2004
Les différentes remarques de Pierre François Mary, Sébastien Périaux et Pierre Wallon m'amènent à préciser mon point de vue.
Tout d'abord, j'indique que je ne suis pas géologue, je dis cela car j'ai parfois l'impression de soulever des questions qui peuvent effectivement faire sourire un vrai spécialiste. Admirateur depuis bien longtemps des falaises, j'émets des hypothèses qui me semblent logiques. Après c'est aux sachants, s'il y en a, de persuader avec des arguments irréfutables. Les remarques qui ont été faites par les uns ou les autres ne me semblent pas ruiner mon point de vue. Ce n'est pas que j'y tienne absolument mais il faut me convaincre. Cela étant, j'admets bien volontiers que les phénomènes en question sont plus complexes que je ne le pensais.
Au sujet des remarques faites par Sébastien Périaux, je réponds.
Ce n'est pas parce que les vallées continuent à se creuser qu'elles ne peuvent pas se faire rattraper par le recul des falaises. De plus je ne sais pas si une vallée devenue sèche par l'enfoncement de sa rivière continue réellement à se creuser. Tout est relatif puisque tout bouge en même temps. C'est une question de vitesse relative. Il faut faire plus de cinématique que de statique. Quant au facteur dominant de l'érosion des falaises, le cordon de galets joue effectivement un rôle mais pourquoi serait-il le principal facteur. Si les falaises s'effondrent, c'est quand même bien les infiltrations qui, me semble-t-il, en sont la cause première. Après, mais seulement après, le nettoyage de ce qui reste se fait par la mer.
Dans mon texte initial j'ai bien pris soin d'indiquer: «je ne sais pas combien de temps il a fallu pour ces creusements» (des vallées). J'aurais dû ajouter aussi que je ne savais pas quand. En effet tout est une question de chronologie et de vitesse relative.
Je rappelle tout d'abord mon scénario qui est : niveau de la mer constant (c'est faux, mais il me fallait un repère fixe pour me faire comprendre. Je me demande d'ailleurs quelle influence a sur mon argumentation une montée des eaux de 10 m pour prendre un exemple), érosion sur 10.000 ans. Dans ce cadre, si les valleuses étaient creusées avant ou si le recul des falaises s'est fait plus vite que le creusement des vallées, alors mon raisonnement est possible.
Je suis parti de cette idée (le creusement a précédé le recul qui par ailleurs va plus vite) à partir de 2 observations. La première m'est fournie par Sébastien Périaux lorsqu'il dit que les vallées se prolongent loin dans la mer. Cela semble bien indiquer que les valleuses, du moins certaines, ont précédé le recul du littoral. La deuxième c'est la brièveté des fleuves du plateau cauchois. Nous avons La Durdent 20 km, La Valmont 12 km, et surtout le plus court fleuve de France La Veule 1,1 km. En langage imagé, je dirais que le recul des falaises «mange» un plateau cauchois déjà creusé de vallées.
Cela étant, les remarques de Pierre François Mary et de Pierre Wallon sont pertinentes. Même si le raisonnement ci-dessus se tient, toutes les valleuses suspendues (pléonasme ?) ne sont certainement pas dues au recul de la côte. Un bon nombre d'entre elles sont probablement des amorces de vallées qui, avec mes hypothèses, n'aboutiront jamais puisque rattrapées par le recul. Là, j'ai généralisé un peu vite.
Si l'on repasse de nouveau du global au local, nous avons dans un rayon de 5 km, 4 valleuses. Au nord : Le Yaume, Le Port (l'échelle), Le fond de Villon, et au sud Elétot. Il suffirait que l'une de ces 4 valleuses suspendues (re pléonasme) soit due au recul de la falaise pour que ma théorie s'applique. La réponse figure peut-être dans l'examen des cartes de fonds marins, mais je n'en ai pas.
J'encourage les amateurs à consulter le site de l'Université du Havre sur le patrimoine du Pays de Caux : très intéressant. C'est très bien fait et didactique. Malheureusement, les renseignements qui y figurent ne permettent pas de conclure de manière indiscutable dans un sens ou dans un autre.
Pour moi le doute subsiste sur les vitesses de recul. Toutefois, compte tenu de la proximité des Catelets, il est effectivement possible sinon probable qu'ils aient été rattachés à la terre au moment des Romains . Ce n'est pas contradictoire avec ma première communication qui examine un recul de 450 m. C'est pourquoi je terminerai sur le sujet en disant comme dans mon précédent papier : «pt'êt'ben qu'oui, pt'êt' ben qu'non», expression très peu scientifique j'en conviens mais qui exprime bien, à mon sens, l'humilité que nous devons conserver devant la complexité des phénomènes en question.
Pierre Dion