Habituellement on explique l'étymologie du
nom des Petites-Dalles par l'origine saxonne ou scandinave de la
racine "dalle" qui signifie vallée. Les Petites-Dalles
signifierait "les petites vallées".
Deux objections viennent immédiatement à l'esprit :
Le dictionnaire d'Alain Rey nous donne une autre explication pour le mot "dalle":
"mot d'origine normande, d'abord attesté en Normandie (1331), probablement emprunté (peut-être comme terme de marine si l'on en juge par le dérivé dalot) à l'ancien nordique "daela" : rigole pour l'écoulement des eaux à bord d'un navire. Le sens premier aurait pu être celui de pierre légèrement creusée servant d'égout."
Quelque soit l'origine du mot "Dalle" des documents anciens parlent de "Daletes" pour les Petites-Dalles et de "Dales" pour les Grandes-Dalles. Ce mot "Daletes" auraient pu être pris secondairement à tort comme le diminutif de Dalles, d'où Petites-Dalles et par symétrie Grandes-Dalles.
(Voir également la suite des réflexions de Sébastien Périaux.)
Il n'aura pas échappé à nombre d'habitants des Petites-Dalles un fait curieux : Pourquoi les Petites-Dalles s'appellent-elles ainsi ?
La majeure partie de ces personnes auront appris que le suffixe Dalle est assez commun dans la toponymie de Normandie (1), et qu'il provient du norse (vieux scandinave) [dalr] qui signifie vallée.
En effet une grande partie des noms de village et de rivière ont reçu en général à partir de 911(2) un nom scandinave, suite à la colonisation massive de Vikings dans le Pays de Caux (3). Arnaud Le Fèvre raconte cette épopée dans son site Internet.
La quasi-unanimité des toponymes comportant la racine «dalle» a un sens. Par exemple le sens de Dieppedalle est vallée profonde. Il est donc légitime de vouloir chercher un sens au toponyme Petites-Dalles.
Les Petites-Dalles si elles désignent bien une vallée constituent un cas à part dans la mesure où elles jouxtent une autre vallée bien connue des Petit-Dallais qui s'appelle les Grandes-Dalles.
Or, géographiquement parlant, il est clair que c'est la vallée des Petites Dalles qui est la grande et que celle des Grandes-Dalles qui est la petite. Il existe donc une contradiction que l'on se propose d'examiner ici.
Plusieurs pistes peuvent être avancées :
1- La taille relative des deux vallées a pu s'inverser au cours des siècles
Il est bien connu que l'érosion des falaises provoque un recul constant du littoral, et remodèle le paysage depuis la remontée du niveau de la mer (4). Lorsqu'on examine une carte IGN 1 /25000 du fond marin ou de vieilles cartes marines, on peut avoir une idée de l'aspect antérieur de la côte : beaucoup plus échancré qu'aujourd'hui, avec des baies plus profondes ou des promontoires plus avancés, similaire aux falaises d'Etretat.
On peut aisément avec le tracé des affleurements rocheux du bord de côte constater que la baie originelle des Grandes-Dalles est plus encaissée que celle des Petites-Dalles. Avec le recul du à l'érosion, des baies plus profondes rétrécissent plus vite que les baies ouvertes car le fond de ces dernières est érodé simultanément (figure a).
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On peut même émettre l'hypothèse que la vallée des Petites-Dalles a pu être auparavant
Tout demeure une question de date, car au temps des Vikings le littoral était si l'on admet une vitesse d'érosion stable environ 1 km plus loin qu'aujourd'hui (6) !
2- La notion de Grandes et de Petites a pu signifier la taille de la population.
Il est possible que les Grandes-Dalles aient été simplement la vallée la plus peuplée. Au Moyen Age, les vallées étaient pour des raisons de salubrité et de sécurité rarement habitées. L'habitat devait se composer de petits bâtiments d'habitation temporaire (logements des bouviers et des pêcheurs côtiers descendant des bourgs de Saint-Martin ou de Sassetot) ou d'élevage (étables) ou de pêche (entrepôts du matériel). Il est plausible que la vallée des Grandes-Dalles ait été plus peuplée pour deux hypothèses :
Cette hypothèse doit tout de même admettre que les liens entre les deux bourgs aient été suffisamment forts pour que les deux vallées soient appelées de la même façon par les deux populations. Si les échanges entre les deux bourgs avaient été très limités ou inexistants, la taille des populations n'aurait eu aucune signification, sauf si l'une des deux vallées était totalement déserte au moment de l'apparition de leurs toponymes.
3- Petite et Grande avaient des sens différents en Norse qui se sont perdus avec l'évolution du normand.
Les toponymes scandinaves ont été considérablement transformés par l'assimilation aux populations gallo romano franques, et par l'évolution naturelle de la langue parlée. Par exemple : Vittefleur, commune voisine, vient de Hvitfloed, qui signifie marais (Floi) blanc (Hvit), et prend tout son sens quand on pense à Paluel tout à coté.
Plusieurs possibilités existent pour trouver des racines scandinaves à « petite » et à « grande ». Il faut cependant avoir quelques notions de linguistique et savoir par exemple que le lettres B, V et P sont très souvent confondues
Le son [Petite-Dalle] peut provenir de
Le son [Grande-Dalle] peut provenir de
Il est tout à fait possible que les deux toponymes se soient influencés l'un l'autre : par exemple il a pu paraître sensé à des Normands du bas Moyen Age ayant oublié le norse mais prononçant toujours [grandal ] et comprenant Grande-Dalle d'appeler l'autre vallée Petite-Dalle par simple association.
Si les Catelets ont formé autrefois une langue de terre enserrant une baie, il est tout à fait possible que les Petites-Dalles se soient en fait appelées en Norse Vik-Dalr.
Si la vallée des Grandes-Dalles, plus boisée que celle des Petites-Dalles, s'est appelée GroenDalr, soit la Verte Vallée il est aussi possible que celle des Petites-Dalles se soit appelée par association Hvit-Dalr, puis VitteDalle, puis Petite-Dalle par association.
La graphie Petites-Dalles qui revient dans deux documents (1749 et 1762) pourrait être un vestige d'une prononciation différente que les inspecteurs Bonneval et Gourdon de Léglisière auraient notée. En effet, ils écrivent aussi « St-Vallery », qui se prononce aujourd'hui davantage de cette façon (St-Val'ry) que la graphie présente St-Valéry.
Cette prononciation différente peut être le signe d'un mot au sens différent. Pourquoi pas une racine norse parmi celles proposées ou d'autres ?
Quant à la forme plurielle, elle peut venir d'une incompréhension du mot norse dalle, assimilé au mot roman dalle. Des cartes anciennes utilisent le singulier.
4- Une inversion des noms a pu intervenir à cause d'une confusion
Il apparaît dans plusieurs documents que Les Petites-Dalles étaient rattachées auparavant à la paroisse de Sassetot. Il y avait donc deux « dalles » pour Sassetot aucune pour Saint-Martin. La mention « Dales et Dalettes » peut tout a fait désigner un ordre d'importance aux seuls yeux des Sassetotais, ou une inversion de l'ordre de mention selon que l'on part du Nord ou du Sud, que l'on regarde la côte depuis la mer ou inversement. Les Petites-Dalles auraient très bien pu être les « Dales » et les Grandes-Dalles les « Daletes »
De plus et pour compliquer encore davantage il est a signaler que pour des Saint-Martinais, les vallées qui descendent vers les Petites-Dalles sont effectivement petites et au nombre de deux au moins : celle du « Chemin Creux » (ancienne route principale de Sassetot à Saint-Martin et celle la plaine de Saint-Martin qui aboutit dans le fond des Petites-Dalles. Etaient-ce des « Daletes » ?
En l'absence de preuve écrite, et devant toutes ces possibilités on invitera le lecteur à décider de l'hypothèse qui lui plaît le plus et pourquoi pas à en proposer d'autres.
(Voir ci-dessous la suite des réflexions de Sébastien Périaux.)
Helsinki, mars 2003
Sébastien Périaux
Notes
(1) Dieppedalle, Oudalle Briquedalle, Croixdalle, Darnétal, Randal, Longuedalle, ...il existe 54 toponymes recensés en Normandie.
(2) Cette date qui correspond à la cession de la Neustrie au chef viking Roll, est toutefois à relativiser : des Vikings se sont implantés temporairement ou durablement avant, et ils ont été précédés par des migrants saxons, dont la langue germanique est assez proche du norse, ce qui pourrait donc induire des toponymes d'origine saxonne plutôt que scandinave.
(3)Le Pays de Caux et le Cotentin sont les zones de colonisation massive des Vikings. Les autres zones ont certes été colonisées mais à un degré moindre. Un site Internet très bien fait détaille cette colonisation.
(4) La Manche était auparavant une grande vallée parcourue par un très grand fleuve et les falaises de Normandie (ainsi que celles d'Angleterre) sont les versants de cette vallée qui ont été érodés par la progression marine (il y a environ 5000 ans).
(5 a) Ces chenaux existent toujours et sont visibles à marée basse, celui de gauche étant plus profond que celui de droite.
(5 b) Ce lien hypothétique des Catelets comme une péninsule pourrait corroborer la légende d'une construction en dur sur cette base rocheuse aujourd'hui partiellement émergée. Catelets signifie d'ailleurs petit fort.
(6) A raison de 75 cm par an en moyenne (la vitesse est très variable selon les époques et les lieux), cela donne environ presque 1 km de recul par rapport à l'arrivée officielle des Vikings.
(7) De nombreux toponymes incorporent des noms de personne, ce qui est compréhensible, car les terres franques furent distribuées aux conquérants vikings.
Jean RENAUD, agrégé de l'université, docteur ès lettres, maître de conférences à l'université de Caen où il enseigne les langues et littératures scandinaves, dans son ouvrage « Les Vikings et la Normandie » paru aux éditions Ouest France en 1989, présente ce qui subsiste en Normandie de la venue des Vikings depuis les premiers raids (IXe siècle) jusqu'au début du duché en 911.
Au niveau du vocabulaire, il évoque les mots dont le patois normand a fait l'acquisition au 1er rang desquels il répertorie les appellations qui décrivent les éléments du paysage. Selon lui, certains de ces termes sont tombés en désuétude mais ont dû être employés très tôt en vieux normand, car la plupart furent aussi utilisés comme noms de lieux uniquement précédés de l'article défini, au singulier ou au pluriel, et parfois sous une forme diminutive. L'auteur indique en outre que ces termes (dont « dale » cité explicitement) ne sont jamais attestés tels quels dans les textes normands anciens.
Parmi les termes décrivant la nature, Jean RENAUD, place en seconde position, (après les toponymes en « bec »), les toponymes en « dale » (ou « dalle ») qui sont issus de l'appellation « dalr » signifiant « vallée ». Ces toponymes, toujours selon la même source, ont d'abord désigné les dépressions du sol et, ensuite, les localités qui y étaient situées. L'appellatif « dalr » a été très courant dans la toponymie scandinave, mais moins répandu au Danemark et en Scanie où la nature est moins accidentée (à cela s'ajoute le fait qu'au Danemark l'habitat se plaçait de préférence sur les hauteurs, alors qu'en Norvège ce sont dans les vallées que le peuplement s'effectuait). En Normandie, le mot a changé de genre et est devenu féminin et c'est sous cette forme qu'il a dû passer pour un temps dans le dialecte normand.
Dans son livre, Jean RENAUD répertorie les différentes manières dont ce terme est utilisé en Normandie :
Employé seul, il est précédé de l'article, par exemple la Dalle, vallée près de Bricquebec, le ruisseau de la Dalle (à Hottot, pays d'Auge) ou La Dalle, hameau de Saint-Vigor (Evrecin)...
Souvent, il est accompagné d'un adjectif français : Les Longues-Dalles (à La Pernelle, près de Quettehou), Les Grandes-Dalles, Les Petites-Dalles et Les Rouges-Dalles (Pays de Caux).
En composition, c'est généralement précédé d'un appellatif ou d'un adjectif scandinave qu'on rencontre le dérivé de « dalr ». C'est le cas de Dieppedalle (près de Rouen), Dipdalle (Cotentin), Oudalle, Briquedalle, Niguedalle, Sensedale, Croixdalle (Pays de Caux), Bruquedalle, Nauredal (Pays de Bray), Mordal, Blesdal (Talou), Verdal (Vexin), Eudal (Hague), etc.
D'autres appellations mentionnées dans des documents anciens ont disparu aujourd'hui ; c'est le cas, par exemple, de « Hoquedale » et « Taintal » (près de Fécamp), etc.
Cette étude de Jean RENAUD, si elle n'apporte aucune réponse quant à l'utilisation des qualificatifs « Petites » et « Grandes », a le mérite de :
François Feuilloley
(Les visiteurs du site www.les-petites-dalles.org se rapporteront à ma première contribution publiée sur le site.)
De multiples et longues recherches n'ont pas vraiment permis d'avancer de manière probante sur cette énigme de l'origine du toponyme "les Petites-Dalles". Il semble que la mention du mot "dalettes" ne puisse pas être davantage rapportée aux Petites ou aux Grandes-Dalles, et qu'en tout cas, si la question de la taille de la vallée doit être le facteur décisif, alors ce n'est pas la vallée des Petites-Dalles qui mérite le vocable de Dalette, car elle est bien la plus grande des deux. De plus, Petite et Grande sont des vocables latins alors que dal est un vocable scandinave.
Cette impossibilité de conclure a conduit à avancer l'hypothèse qu'au fond les habitants n'ont peut être pas fait de différence notable entre les deux vallées. Cette hypothèse pourrait être corroborée par plusieurs indices:
Ces indices ont conduit à la recherche d'un sens commun pour Grandes et Petites-Dalles, c'est à dire que la sonorité [granddal] et la sonorité [petitdal] doivent avoir chacune une origine qui permette de désigner le même site par deux toponymes différents.
De tels mots existent en vieux scandinave : il s'agit de Gruntdalr et Brekkadalr
L'évolution de la prononciation aurait pu se faire de la manière suivante :
Gruntdalr signifie la vallée creuse, et Brekkadalr signifie la vallée pentue ce qui est très semblable. Il est tout à fait possible que les Vikings installés en masse sur la côte du Pays de Caux aient appelé l'ensemble des deux vallées (à l'époque où elles ne formaient qu'un puisqu'elle se rejoignaient sur le front de mer) : "les vallées encaissées".
Pour ceux qui trouvent que Brekkadalr est trop éloigné de Petites-Dalles, ce qui est a priori une remarque de bon sens, on fera remarquer tout d'abord que le P et B ont des valeurs communes qui conduisent la plupart des langues européenne à utiliser indifféremment les deux consonnes. Mais surtout on mentionnera la présence (sur une carte IGN) d'un lieu-dit dans la vallée des Petites-Dalles (en remontant vers Sassetôt) appelé Briquedal, ce qui permet de trouver la liaison entre Brekkadalr et Petite-Dale plus évidente.
La mention de dales et dalettes ne serait qu'une marque de la francisation du sens aux dépens du signifié scandinave, un phénomène linguistique assez commun dans notre région.
Encore une fois, on insistera sur la prudence de s'abstenir de conclure et d'attendre de trouver des éléments concrets qui pourront apporter peut-être une signification toute différente de cette hypothèse pourtant intéressante.
Le mystère reste entier !
Sébastien Périaux
14 mars 2004
I have been reading with great interest the mystery of the origin of the name "les Petites-Dalles". I also think that the name comes from the early Norman times, and was made because of the way the two valleys looked from the shore. The Normans would most likely have given names to help other Normans, coming from the sea, to recognise the landing areas. As has been very well described, the coastline has been in full retreat, and a large amount of land has been lost to the sea since these older times. From the existence of the hard stone before the coast of les Petites-Dalles, it has been suggested that the valley bent at this point in the direction of les Grande-Dalles. Because of the loss of land, it is probable that the two valleys were in fact very close to each other at that time. They could in fact have been joined together, as has been suggested at one point in the text. Because of the nature of the stone causing the bend, it is very likely that the valley of les Petites-Dalles was narrow at the point where it joined, or came very near to, les Grandes-Dalles. This could give the impression from the sea that there were a small and a large valley. The entrance to les Petites-Dalles would then be "petite", and to les Grande-Dalles "grande", when seen from a ship. This is also very well shown on your site, on the section regarding the erosion of the coast by the ocean. I do not think that the "sense" or "meaning" of the original name would have been lost, unless there had been a complete loss of population of the original Norman settlers, due to invasion or plague, or the prohibition of Norman customs and speech due to strict authorities. My feeling is rather, that the Normans would have translated their original Scandinavian words for their settlement into a language more suitable to their integration in France, and would then have tried to keep their historical names as regards the meaning, rather than the pronunciation. The exception here is of course the word "Dalles", from the word for valley, which is not properly French, as far as I have understood from the text. It could be, that the inhabitants could not directly translate their word "Dalle" or "Dale" into an exact French word without altering the meaning. A cleft in the coastline, and the hollow cut by a river, are both a valley, but to the Norrnans they may have been different enough in their nature that they would not have translated their word directly into a French word that meant both of these things. They were a seafaring people, and I would say for a Norman ship at sea, there is a very important difference between a river valley - where fresh water can be found in abundance, and a cleft in the cliffs - where one can rest, maybe hunt and anchor but not directly find water. This is indeed an intriguing mystery, and very well documented on your site!
Helmut Neujahr |
Traduction du texte d'Helmut Neujahr : J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le mystère de l'origine du nom des "Petites-Dalles". Je pense également que ce nom vient de l'époque des premiers Normands, et fut donné sur l'aspect qu'avaient ces deux vallées vues du large. Les Normands avaient le plus vraisemblablement voulu donner ces noms pour aider les autres Normands, venant de la mer, à reconnaître les lieux d'accostage. Comme c'est très bien décrit, la côte est en constant retrait, et une grande partie des terres a été gagnée par la mer depuis ces temps anciens. L'existence de roches dures en face des Petites-Dalles suggère que la vallée s'inclinait à cet endroit dans la direction des Grandes-Dalles. Du fait de l'avancée de la mer, il est probable que les deux vallées étaient en fait très proches l'une de l'autre à cette époque. Elles purent même se rejoindre, comme on le suggère dans le texte. A cause de la nature du rocher provoquant cette inclinaison, il est très probable que la vallée des Petites-Dalles était étroite au point où elle rejoignait ou venait très près de celle des Grandes-Dalles. Cela pouvait donner l'impression du large qu'il y avait une petite et une grande vallée. Vu d'un bateau, le débouché des Petites-Dalles aurait été "petit" et celui des Grandes-Dalles "grand". Cela est également très bien montré sur votre site dans la partie qui traite de l'érosion de la côte par la mer. Je ne pense pas que le sens ou la signification du nom original ait été perdu, à moins qu'il y ait eu une disparition complète de la population du peuplement normand d'origine due aux invasions, à la peste ou à l'interdiction des coutumes et du parler normands par une administration autoritaire. Mon sentiment est plutôt que les Normands auraient traduit leurs mots scandinaves originaux pour leur implantation en un langage plus valable pour leur intégration en France, et auraient essayé de garder leurs noms historiques en rapport avec leur signification plutôt que leur prononciation. L'exception est bien sûr ici, à la place du mot vallée, le mot "Dalles" qui lui n'est pas, à proprement parler, français, autant que je le l'ai compris dans le texte. Cela pourrait être lié au fait que les habitants ne pouvaient pas traduire le mot "Dalle" ou "Dale" par un mot français sans en altérer le sens. Une brèche dans la ligne côtière et un vallon creusé par une rivière sont tous deux des vallées, mais les Normands pouvaient trouver une différence suffisante pour ne pas traduire leur mot directement en un mot français qui engloberait les deux sens. C'était un peuple de la mer, et je dirais pour un bateau normand en mer, il y avait une différence très importante entre une vallée due à une rivière - où on pouvait trouver de l'eau fraîche en abondance, et une brèche dans la falaise - où on pouvait accoster pour se reposer, peut-être chasser et jeter l'ancre, mais pas trouver de l'eau directement. Cela est un mystère intrigant, et très bien documenté sur votre site !
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Raisonnement intéressant, et topographiquement possible : il est bien possible que la vallée des Petites-Dalles fut plus étroite par le passé a cause des Catelets.
Si cependant les Vikings avaient voulu différencier Petites-Dalles et Grandes-Dalles et le signifier dans leur designation, on aurait aujourd'hui quelque chose comme ça :
Donc pas de designation de taille par les Viking eux-mêmes depuis la côte, bien que physiquement cela soit bien plausible.
Ce qui gêne c'est dalette : tout se passe comme si les habitants avaient repris le mot viking et incorporé dans le dialecte franco-gallo-romain du Xe siècle de cette région. C'est comme si vous ou moi utilisions le mot iceberg pour créer le néologisme "iceberguet" pour désigner un petit iceberg... Outre le néologisme, cela signifierait que les Vikings auraient appelé indifféremment les deux vallées dal et dal, très gênant, voire absurde... D'où mon hypothèse que soit les deux vallées se rejoignaient pour n'en former qu'une seule : pas besoin de différencier les deux. Ou bien que le mot était en fait un collectif : dalen, les vallées, car territorialement trop rapprochées pour constituer chacune un site d'occupation à part entière. Ou encore que le viking qui a reçu le domaine de Sassetot ait appelé sa vallée dal, et que l'autre viking qui a reçu celui de Saint-Martin ait appelé la sienne dal aussi ; pure coïncidence.
Mais, de tous les toponymes viking avec la racine "dalle" présents en Normandie, seul pour les Petites et Grande-Dalles la racine dalle serait utilisée seule, alors que pour tous les autres sites, elle est associée à un composé: Dieppedalle, Londale, Darnetal, Oudalle, Briquedalle etc.
Donc l'hypothèse que petite et grande soient en fait des altérations de mots vikings doit encore être abordée.
Mais je n'ai pas fini d'explorer les cartes anciennes ou neuves et peut être verra-t-on un toponyme nouveau qui permettra d'eclairer cette énigme passionnante...
Sébastien Périaux
I wish to clarify my original mail regarding les Petites-Dalles, by pointing to the text on your site where I got the ideas for my mail : The usage of the word "Dalles" : I refer here to the contribution of François Feuilloley, and my familiarity with English. In English, the word "dale" is used for a hollow, with walls that are not too steep, usually without a distinct river at the bottom of the hollow. As M. Feuilloley indicated, the word root of "Dalles" is generally the word for a such a hollow within the name of a settlement. This prompted me to distinguish the word from the more general word "valley". It is not a new thought, it is simply my formulation or interpretation of the work of M. Feuilloley as regards this part of the name. Of course, M. Periaux has correctly pointed out that the word was generally used by the Normans for a valley, and therefore was probably not used to indicate that there was no river, but rather simply to indicate that the town or settlement was in a hollow, rather than on the heights, as was more common with the Danish settlements. I did not intend to dispute this point, but rather to provide a basis for the continued usage of the word "Dalles" in spite of the fact that there is a perfectly useful word for a valley in French. Since the Norman settlers integrated their culture very quickly with the prevalent Frankish environment, it would seem to me that they would have had a compelling reason to retain their word for "valley", rather than simply exchange it with the French equivalent. The reasons could have been scientific - the climate in a "Dallr" is prone to fog and settling dampness, and the Normans could through their experience in Scandinavia have felt that this MUST be a part of the name, so that visitors and new settlers would know in advance that the settlement with "Dallr" in the name would have a possible effect on the health or well-being of the inhabitants. In times of famine, for example, residents of a "Dallr" may have been more prone to chest infections like tuberculosis or bronchitis, both of which are aggravated by malnutrition and damp cold air, than residents of settlements on high ground, where the wind can clear the air more easily and reduce the cold dampness of winter more quickly. My idea that they used the word "Dallr" to indicate that the area was simply in a hollow, to differentiate it from an area that was in a river valley, is perhaps a bit too much, when I review the information regarding the place names with a derivation of the word "Dallr" in the name. As M. Periaux indicated in his comment, this is a general word for all settlements that are in a hollow. The reasons for the persistence of this word are more likely to be the reasons I gave above, although in the much warmer climate of France, even Normandy, the health reasons for giving a special designation to settlements that exist in a hollow are not as critical as in Scandinavia. The idea that the "Petites" and "Grandes" part of the names DO refer to size are more clear. The very good description provided by M. Périaux, with sketches including the Catelets, plus the indications that there were buildings on Catelets lead me to think that the entrance to Les Petites-Dalles was possibly narrow and limited to the area between the Catelets and the shore, possibly even cliffs - a narrow and perhaps also shallow passage. This would have been, seen from the sea, a clear difference between the large open passage from the open sea to Les Grandes-Dalles and the narrow, perhaps shallow passage to Les Petites-Dalles, which is clearly illustrated in the sketch map. The size would then not refer to the geographical extent of the entire valley, but to the size of the anchorage or the seaway to the coast at these two points. But I think this was clear enough in my original mail, and I do not wish to risk becoming monotonous with superfluous explanations of things that are already perfectly clear ! My original mail was my impressions that I obtained purely from reading the very well documented web page regarding this controversy. Of course this excludes the possibilty that I could add additional data to the discussion! But it also excluded the possibility that I would add confusing or conflicting data that is not historically well founded.
Helmut Neujahr |
Traduction du texte d'Helmut Neujahr : Je voudrais clarifier mon message initial concernant les Petites-Dalles en m'appuyant sur le texte du site où j'ai puisé mes idées: L'usage du mot "Dalles": je me réfère ici à l'exposé de François Feuilloley, et à ma pratique de l'anglais. En anglais, le mot "dale" est utilisé pour un creux, avec des parois qui ne sont pas trop escarpées, habituellement sans rivière significative dans le fond. Comme l'indique M. Feuilloley, la racine du mot "Dalles" est généralement utilisée pour une telle dépression dans le nom d'un peuplement. Cela me pousse à distinguer ce mot du mot plus général de "vallée". Ce n'est pas une idée nouvelle, c'est simplement ma formulation ou mon interprétation du travail de M. Feuilloley par rapport à cette partie du nom. Bien sûr, M. Périaux a bien montré que le mot était généralement utilisé par les Normands pour une vallée et donc n'était probablement pas utilisé pour indiquer qu'il n'y avait pas de rivière, mais plutôt pour indiquer que le village ou le peuplement était dans une dépression, plutôt que sur une hauteur, comme c'était habituel dans les peuplements danois. Je n'avais pas l'intention de discuter ce point, mais plutôt de fournir une raison quant à l'usage continuel du mot "Dalles" en dépit du fait qu'il y ait un mot parfaitement adapté pour une vallée en français. Puisque les peuplements normands ont assimilé rapidement leur culture à celle franque dominante, il me semblerait qu'ils auraient dû avoir toutes les raisons de garder leur mot pour "vallée", plutôt que de l'échanger simplement avec l'équivalent français. Les raisons pourraient être scientifiques - le climat dans une "Dallr" est sujet au brouillard et à l'humidité, et les Normands au travers de leur expérience en Scandinavie auraient pensé que cela devait faire partie du nom du lieu, ainsi les visiteurs et les nouveaux colons auraient su à l'avance que les endroits avec "Dallr" dans le nom auraient un effet possible sur la santé ou le bien-être des habitants. En cas de famine, par exemple, les résidents d'un "Dallr" pourraient être plus sensibles aux infections pulmonaires telles la tuberculose ou la bronchite, les deux étant aggravées par la malnutrition et l'air frais et humide, que ceux établis sur des terres plus élevées, où le vent peut clarifier l'air plus facilement et réduire l'humidité de l'hiver plus rapidement. Mon idée, qu'ils utilisaient le mot "Dallr" pour indiquer que l'endroit était une simple dépression et pour la différencier d'un endroit avec une rivière, est peut-être un peu trop poussée, quand je revois les informations concernant les noms comportant la racine "Dallr". Comme M. Périaux l'indique dans ses commentaires, il s'agit d'une racine générale pour tout établissement qui se situe dans une dépression. Les raisons de la persistance de ce mot sont plus susceptibles d'être celles que j'ai données ci-dessus, bien que dans le climat plus chaud de la France, même en Normandie, les raisons sanitaires pour donner un nom particulier aux implantations qui se situent dans une dépression soient moins cruciales qu'en Scandinavie. L'idée que les termes "Petites" et "Grandes" se réfèrent à une dimension sont moins claires. La très bonne description fournie par M. Périaux, avec un schéma incluant les Catelets, associée aux indications qu'il y aurait pu y avoir des constructions sur les Catelets, m'amène à penser que l'entrée de la vallée des Petites-Dalles était éventuellement étroite et limitée à l'espace entre les Catelets et le rivage, éventuellement même les falaises - un passage étroit et peut-être aussi peu profond. Cela aurait pu, vu de la mer, apparaître comme une nette différence entre l'entrée de la vallée des Grandes-Dalles, et le passage étroit, voire peu profond, des Petites-Dalles, ce qui est clairement illustré par le croquis. La taille ne se référerait pas à la dimension des vallées elles-mêmes, mais à la taille des ancrages ou à l'aspect de la côte vue de la mer. Mais je crois que cela était assez clair dans mon message initial, et je ne veux pas risquer de devenir monotone avec des explications superflues pour quelque chose qui est déjà parfaitement clair! Mon message initial correspondait à mes impressions que j'ai ressenties en lisant simplement les pages très documentées concernant cette controverse. Bien sûr, cela exclut la possibilité que je puisse ajouter des éléments à la discussion! Mais cela exclut également que je puisse ajouter des éléments confus ou conflictuels qui ne sont pas historiquement fondés. |
Comme suite à l'article de Jean-Claude Michaux "les Petites-Dalles port d'échouage", Sébastien Périaux nous adresse quelques pistes de réflexion sur Dalis et Daletis :
D'autre part, si dalus provient très probablement simplement du vieux norse dal, on peut se poser la question pour daletus, en se demandant si dans dal-et(us) la syllabe "et" est un suffixe latin de diminution (la petite dale) ou si c'est une racine norse ayant une signification différente.
La notion de petit en vieux norse est plutôt un préfixe: "lil(le)" placé devant. On aurait alors un "lildal" ou "lilledal" a l'origine et il aurait eu du mal a évoluer vers "daletus". On aurait plutôt eu : "dalis et lilledalis" dans le texte mentionné.
Ce qui incline à formuler une autre hypothèse : que Dalus ait été tout d'abord peuplé par une petite colonie viking, car mieux abritée de la houle, la vallée des petites dalles demeurant inhabitée et non nommée.
Et que plus tard, une fois que le nom dalus a pris son usage dans le parler local, des Normands (et non des Vikings) descendent s'installer dans la vallée, qui compte tenu de la disparition du parler norse, prendrait le nom latin de petit dalus, daletus, en référence à dalus tout a coté.
On pourrait aussi penser que suite à la pérennisation de l'habitat sur les Grandes-Dalles, et devant son occupation maximale, des familles décident de s'installer — à une époque ou le dialecte norse se fond dans ce qui deviendra le francais normand — sur la vallée inhabitée qui deviendra Daletus. Il y a moins de 500 m à faire, à comparer aux 2 ou 3 km pour descendre des plateaux.
Encore une fois, je tiens à souligner que ce ne sont que des hypothèses.
Sébastien Périaux
Pour
toutes les différentes possibilités d'étymologie,
on se référera aux essais déjà disponibles
sur le site, ci-dessus.
Il
me semble intéressant de tenter un nouveau raisonnement en
partant d'une part de l'analyse comparative des toponymes autour des
Petites-Dalles et d'autre part de l'activité probable qui a
dû exister sur chaque site.
Les principaux sites
d'activité probable sont d'époque pré-norroise :
L'oppidum celtique du Catelier, le site défensif celtique de
Durdent, le site défensif de Claquedent, "le marché"
gallo-romain de Saint-Martin-aux-Buneaux, le passage gallo-romain de
la
Grand-Rue témoignent d'une activité humaine. Les sites
des Petites-Dalles, des Grandes-Dalles, de Briquedale sont — si on
accepte leur sens le plus courant — une description topographique du
relief de leur localisation.
Explorons les sites les uns après les autres :
Selon
les sources de Veulettes (lire les panneaux touristiques
implantés sur la promenade), le port de Claquedent fut
aménagé au XIIIe siècle ; peut-être
pour faire face à l'envasement progressif du port de Vittefleur (la
"baie blanche", à noter une mention ancienne Viteflec qui est
conflictuelle et qui signifierait "maison blanche"). Le site de
Claquedent est localisé à la place de l'ancienne
"Grande-Ville-de-Durdent"), qui elle se situerait au niveau du "Pont
rouge". En effet, Vittefleur et Paluel (ainsi que le coeur historique
de Cany) sont situées le long de la voie romaine qui aboutissait
à la mer.
L'étymologie de Claquedent est probablement
celtique comme Durdent et Bievredent, deux rivières normandes.
Peut-être y avait-il une deuxième rivière a
l'embouchure de la Durdent qui s'appelait la "Claquedent", ou
s'agissait-il de l'ancien nom de la Veulette (de well, un mot saxon ou
scandinave qui signifie source), aujourd'hui canalisée dans un
tunnel traversant la falaisette et se jetant dans la vallée de
la Durdent (elle s'appelle la "nouvelle Veulette").
Première
hypothèse la racine "dent" viendrait du celtique "dubron" que
l'on retrouve dans le Dun qui coule a quelques kilomètres au
Nord, le Don qui coule en Russie, ou tout simplement sur le quasi
homonyme de la Durdent, la Dordogne (fleuve rapide). Druna signifie
rapide.
Seconde hypothèse : la racine — dent —
viendrait du celtique Dunon (le fort, enceinte fortifiée) et la
ville de Durdent (si ma mémoire ne me trahit pas,
orthographiée sur une carte ancienne "durdon") aurait
donné son nom à la rivière. Le sens est assez
convaincant : il s'agit de dubro-dunum, le "fort des eaux" (toponyme
qui se retrouve par exemple à Doeveren aux Pays Bas). Dans ce
cas, il est tentant de voir en Claquedent une fortification faisant
face à celle de Durdent. Un claquedent au Moyen Age est
d'ailleurs une fortification qui s'avance en dehors de la muraille, ce
qui correspondrait bien à la position au pied ou contre la
falaisette, voire à la falaisette elle-même. L'existence
de la roche appelée "la Dent", sur la plage, pourrait confirmer
cette hypothèse.
Tout peut malheureusement s'inverser.
En effet, toutes les cartes montrent Claquedent ou Cliquedent sur la
rive droite a l'embouchure de la Durdent. Si la ville de Durdent se
situait a la falaisette, une autre signification intéressante se
ferait : le fort des eaux en vérité, car
entourée par la Durdent, la Veulette, et la mer !
Il
n'y a pas d'étymologie connue pour "Claque" en Celtique,
à part peut-être Cladia qui signifie "tranchée,
fossé". On peut proposer un rapprochement avec l'étrange
toponyme Ecombardie signalé au bas de la vallée de la
Veulettes sur quelques cartes anciennes (voir sur le site), qui
pourrait provenir du celtique "cumba" : creux, vallée.
Car
clairement la vallée de Veulettes est encaissée et
creuse : la plage est plus haute que le fond de la vallée.
Une digue a même été construite pour empêcher
le flot marin de se déverser dans la vallée,
précisent les panneaux touristiques. C'est aujourd'hui la
promenade qui part du casino et va jusqu'à la falaisette.
En
conclusion, le port installé sur le site de Claquedent, ou
plutôt ce qu'il en reste, car Saint-Valéry a
pris l'essentiel de l'activité, disparaît au XVIIIe
siècle, car le site est trop exposé aux flots et sous la
menace de la rupture de la digue. Certainement sous les assauts d'une
tempête et d'une marée inhabituelles.
On peut
imaginer la destruction d'un petit port de commerce
médiéval désaffecté, utilisé
uniquement par les pêcheurs de Veulettes pour abriter leurs
bateaux.
Ces informations ont un intérêt pour les
Petites-Dalles. Elles montrent que Veulettes, Claquedent et
peut-être Durdent, ajoutées aux Cateliers sont
implantations de population importantes et anciennes. Leur rôle
et leur étymologie remontent à la période
celtique, romaine, et peut-être saxonne. Les Petites-Dalles, les
Grandes-Dalles, Briquedale et Sassetot sont des implantations
norroises
(viking). Il existe une "poche" gallo-romano-saxonne de Vinchigny,
Saint-Martin-aux-Buneaux, La Grand'Rue, Septimanville, le Mesnil,
Veulettes, Ecombardie, le Catelier, Claquedent, Durdent, qui gardent
leur toponyme a cause de leurs populations et leurs activités.
D'autres lieux doivent leur nom à une occupation personnelle :
Vinchigny
est occupé par le saxon ou franc Witso. Gruchy à Veulettes est
occupé par le Gallo-romain Crucius. Vinnemerville par le Saxon
ou le Viking Vinnemar, Sassetot est occupé par le Viking Saxi,
Auberville par le Viking Osbern, Tournetot par le Viking Turold
(à confirmer), Septimanville par un(e) Gallo Romain(e) Septimus
(ou Septima ?).
Saint-Martin-aux-Buneaux, peut avoir
été occupé soit par un Gallo-Romain Martinus
(sanctifié par la suite) puis par des "Bunouf" (un nom norrois).
C'est ce qui expliquerait l'existence de Tournetot (pourquoi nommer un
toponyme en norrois si le(s) chef(s) du village ne sont pas viking ?).
Même chose pour le Fond de Villon (Villo, norrois). On a donc un
village composé essentiellement d'habitants Gallo-Romains-Saxons
avec une légère couche supérieure viking, qui
donne des toponymes norrois à quelques hameaux où ils
s'implantent.
On
peut émettre l'hypothèse a contrario que Briquedale, les
Petites-Dalles et les Grandes-Dalles reçoivent un toponyme
à cause de leur vide démographique. Egalement, Houlgatte
(orthographe XVIIIe siècle) est un "chemin creux".
Si
on
admet ces hypothèses, et si l'on accepte que le mot dale entre
dans le parler normand en tant que tel, utilisé avec des
adjectifs qualificatifs français, alors on peut voir une petite
vallée pour les Petites-Dalles (confirmé par la mention
des Dalettes au Moyen Age) et une Grande Vallée pour les
Grandes-Dalles. Elles doivent relever toutes les deux de Sassetot, car
de
l'autre coté, des Gallo-Romain-Francs sont installés, et
ceux jusqu'à Durdent avec un propriétaire viking. Ce
serait donc le Viking Saxi, qui a autorité depuis 911-912 sur
ces deux vallées et son entourage viking qui les nomment.
On
peut même aller jusqu'à émettre l'hypothèse
d'un peuplement viking sur Sassetot, alors qu'il n'y a qu'une
élite viking sur les habitants Gallo-Romains-Saxons de
Saint-Martin. Il serait d'ailleurs intéressant de voir la
proportion de noms de famille (n'ayant pas bougé depuis au moins
3 générations) sur Sassetot et voir si apparaissent
davantage de noms scandinaves que de noms gallo-romains. C'est un
raisonnement assez extrême, mais qui pourrait peut-être
montrer les conditions initiales.
Cela n'aide pas à un
éclaircissement définitif sur pourquoi Petites et
pourquoi Grandes, mais cela a le mérite d'éclairer le
contexte.
Sébastien Périaux