Pendant la première
guerre mondiale, une colonie serbe était réfugiée
aux Petites-Dalles et logeait à l'Hôtel des Pavillons et à la villa Kermor.
Parmi ces réfugiés se trouvait Vladislav Petkovic Dis, célèbre poète serbe.
Le 26 août 1916, il participa avec Ernest Daudet à un
concert organisé aux Petites-Dalles par la Croix-rouge française au
cours
duquel, il fit cette émouvante déclaration :
Mesdames, Messieurs,
Quand le grand jour sera venu pour
nous de retourner dans notre patrie, nous quitterons la France, cet
asile de repos et d'espoir.
Je vous en prie: gardez un bon
souvenir de nous, car nous vous avons aimés, même alors
que nous avons douté. Nous vous avons aimés, nous vous
aimons, nous vous aimerons toujours, toujours.
Et demain, quand nous serons
rentrés dans nos foyers, si nos mères sont encore en vie,
elles nous accueilleront et nous demanderont : « Comment
étiez-vous en France? » Nous leur répondrons :
« Nous y étions bien ». Si nos femmes et nos soeurs
sont encore en vie, elles nous accueilleront et nous demanderont
« Comment étiez-vous en France ? » Nous leur
répondrons « Nous y étions bien ». Si nos
enfants, qui ont connu les plus grandes épreuves de ce monde,
sont encore en vie, ils nous accueilleront aussi, mais leur bouche ne
saura pas nous poser cette question ; ils nous demanderont tout
simplement « Où est donc cette France ? ».
Au lieu de leur répondre, nous
mettrons la main sur notre coeur et nous leur dirons : «
Voilà, la France est ici ! », et nos enfants nous
comprendront bien.
Mesdames, Messieurs, vive la France !
WLADISLAV PETKOVITCH.
Le texte original de cette déclaration nous a été envoyé par Olivera
Nedeljkovic de Cacak en Serbie où elle travaille à la bibliothèque :
Gradska biblioteka "Vladislav Petkovic Dis". Ci-contre, le texte et les photos du poète qu'elle nous a adressés. |
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Jean-Claude Michaux nous donne les précisions suivantes quant à cette colonie serbe des Petites-Dalles :
Peu après la
création du site, les "les-petites-dalles.org", j'avais
posé une question figurant, jusqu'à ce jour, sous
l'article intitulé "L'avancée de la mer".
Cette question est la suivante : "Avez-vous entendu parler de la
colonie serbe des Petites-Dalles ? J'ajoutais quelques
précisions : "Un plan de la plage, de 1916, en fait mention. Son
directeur était monsieur Certain".
Depuis, j'ai posé cette même question à de
nombreuses personnes sans recevoir de réponse positive.
Olivera Nedeljkovic de la Gradska biblioteka "Vladislav Petkovic
Dis" en nous transmettant la déclaration du poète serbe
Vladislav Petkovic Dis vient confirmer l'existence de cette colonie.
Les deux documents joints, photographiés aux Archives départementales de la Seine-Maritime nous apprennent que M.
Certain, avait fait la demande d'attribution d'un emplacement,
situé à droite du mur de soutènement, pour y
établir quatre petites cabines.
Il reste encore à rechercher si les Serbes de cette colonie
étaient des soldats blessés ou convalescents et à
localiser avec certitude leur lieu de séjour.
Jean-Claude Michaux
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A noter que Monsieur Certain dont il est question ci-dessus était à l'époque le maire de Sassetot.
D'après les documents que nous a adressés Mme Olivera
Nedeljkovic, voici quelques précisions sur cette colonie serbe :
Les premiers réfugiés serbes sont arrivés aux
Grandes-Dalles le 27 janvier 1916. Ils ont été 133.
La colonie a déménagé des Grandes-Dalles aux
Petites-Dalles le 23 mai 1916 et s'est installée à
l'Hôtel des Pavillons et à la Villa Kermor. Au mois
d'août 1916, elle comptait 83 personnes, 23 femmes et 60 hommes.
La directrice était Mme Marguerite Pavlovitch, née
Brulé, et le Directeur M. Dimitrié Pavlovitch, avocat,
président du Club français de Nisch (Serbie).
Apparemment, il ne s'agissait pas de soldats blessés ou
convalescents, mais essentiellement des représentants de
professions libérales — avocats, médecins,
ingénieurs — qui
avaient fui leur pays envahi.
Lors de ce concert donné le 26 août 1916 aux
Petites-Dalles, il y eut plusieurs allocutions :
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Bienvenue aux auditeurs
Mesdames, Messieurs,
Vous voudrez bien tout d'abord être assez indulgents pour excuser
mon faible talent d'orateur et ma façon de m'exprimer en
français.
Il est d'usage dans notre pays, en Serbie, d'ouvrir toute
réunion par la bienvenue aux auditeurs, le « Salut aux
assistants »« Posdrav Gostima », comme l'on
dit en Serbie. — Soyez donc, Mesdames, Messieurs, les bienvenues parmi
nous et c'est au nom de tous les membres de la colonie, composée
de quelques avocats, docteurs, ingénieurs, etc., que je vous
remercie de tout coeur d'être venu aussi nombreux à la
petite fête que nous avons organisée et pour laquelle nous
avons été gentiment aidés de quelques bonnes
volontés. — Nous serons heureux si nous avons pu vous procurer
un moment agréable, tout en songeant à nos chers et
braves combattants, à nos blessés, à tous les
frères d'armes françaises et serbes.
La France, pour nous Serbes, a toujours été une seconde
patrie, tous nous l'avons toujours aimé et dans nos malheurs
c'est une consolation pour nous que son accueil si noble et si
généreux. — Merci à la France et à tous les
Français pour tout ce que l'on fait pour adoucir notre exil, car
nous sommes, ici, aussi bien qu'on peut l'être.
Ces tristes circonstances nous auront permis de mieux nous
connaître et, après la guerre, après la victoire
finale, les distances seront aplanies et entre nous, entre nos deux
pays, subsisteront toujours des liens d’amitié et de
fraternité plus resserrée. Déjà, en effet,
la victoire se fait pressentir sur tous les points. À Salonique,
ne sont-ils pas groupés, Français, Anglais, Russes,
Italiens, Serbes, pour la victoire prochaine ?
Oui, certainement, bientôt nous retrouverons nos foyers, une
Serbie agrandie, plus chère encore, grâce à tous
les alliés, et notre reconnaissance restera à la France.
Avant de céder la parole à l’illustre
conférencier, M. Ernest Daudet, je tiens à saluer
au nom de tous mes compatriotes la présence à cette
fête de M. le colonel Nénadovitch, officier de la
Légion d’honneur, attaché à Son Altesse Royale le
prince Alexandre de Serbie, qui nous fait le plaisir de
représenter notre armée et la Légation Royale.
Le colonel Nénadovitch, dont nous sommes fiers, est un de ses
héros, il a reçu sur le champ de bataille 42 blessures.
C’est un brave dont je demanderai à mes compatriotes et à
vous nos amis français, de saluer le nom de vos applaudissements.
Merci à la France, merci à vous tous, encore une fois !
Dimitrié Pavlovitch
Avocat,
Président du Club français à Nisch (Serbie)
Causerie de M. Ernest Daudet
Mesdames, Messieurs,
On m'a demandé de vous exposer l'objet de cette réunion.
Je le ferai brièvement, car je suppose que vous êtes plus
pressés de voir le spectacle qu'on a préparé pour
vous, que désireux d'entendre une parole qui, fût-elle la
plus éloquente que la mienne, ne saurait vous offrir l’attrait
de ce qui vient du lointain, de ce que l'on entend pour la
première fois. Le local où vous êtes réunis
abritent, vous le savez, des réfugiés Serbes à qui
la France s'est faite un devoir de donner l'hospitalité comme
elle l'a donné aux réfugiés belges et de leur
assurer jusqu'au jour où la victoire leur rouvrira la patrie
d'où les a chassés une invasion criminelle.
Comme les Français des pays envahis, comme le vaillant peuple de
Belgique, les réfugiés Serbes sont les victimes du plus
effroyable désastre qui puisse atteindre une nation et la
frapper dans sa vie, dans sa gloire ancestrale, dans ses biens, dans
ses ambitions légitimes et dans ce que l'homme a de plus cher au
monde : le pays natal.
Contre cette petite nation, Guillaume II, empereur d'Allemagne,
bourreau de sang, et son ancien complice, l'astucieux et sénile
François-Joseph, empereur d'Autriche-Hongrie, ont, à la
faveur d'un prétexte calomnieusement invoqué, jeté
à l'improviste leurs soldats les plus barbares, alors que
l'armée serbe épuisée par de récentes
victoires sur le Turc et sur le Bulgare n'avait pas eu le temps de se
préparer à de nouveaux combats. En cette heure critique
où les alliés ne pouvaient encore lui porter secours,
tout a manqué à la Serbie, et tandis que le traître
Ferdinand de Bulgarie prenait les armes contre elle, le roi de
Grèce refusait de tenir les engagements qu'il avait
contractés quelques mois avant en se liant à elle par un
traité.
L'héroïsme de ses soldats ne pouvait en de telles
circonstances la préserver de la défaite. Elle a
été vaincue par le nombre et devant un ennemi coutumier
des pires atrocités, ses habitants ont dû s'enfuir. Oh !
Cette fuite, quel drame poignant !!
Les chemins par lesquels elle s’est effectuée à travers
les montagnes, se sont couverts, durant ces semaines tragiques, de
blessés et de morts parmi lesquels on a compté des
femmes, des enfants, des vieillards qui avaient succombé au
froid, à la faim, aux plus effroyables privations.
Et ne croyez pas que dans ce terrible exode, parmi ces fugitifs lamentables, il y ait eu des privilégiés !
Riches et pauvres, gens de tout âge, de tout sexe, de toutes
conditions, le vieux roi Pierre, son valeureux fils le prince
Alexandre, son gouvernement, ses soldats, son clergé, ses
sujets, les membres du corps diplomatique accrédité
auprès de lui auront subi la même infortune, infortune si
grande, si féconde en péripéties qu'on a pu dire
que la retraite de Serbes constitue l'une des plus violentes
tragédies qu’ait enregistrées l'histoire du monde. Ceux
qui y ont survécu ont enfin trouvé des asiles dans les
pays alliés, en France notamment, et c'est ainsi que nos
Petites-Dalles ont été désignées pour
recevoir quelques-uns de ces infortunés qui y ont
été l'objet de la sympathie et de la compassion que
méritaient leur malheur et la dignité de leur attitude.
Il est vrai qu'il constitue une élite intellectuelle, puisque
tous ou presque tous exerçaient dans leur pays des professions
libérales. De ce refuge où leurs existences
matérielles est assurées, ils peuvent aussi suivre avec
confiance les événements qui préparent la
résurrection de leur pays et plus particulièrement de son
armée. On avait pu la croire irrévocablement
détruite et voici que grâce aux alliés elle est
debout, équipée, forte de 150.000 hommes, prête
à combattre à côté des soldats de l'Entente,
a renouvelé ses anciens exploits, à vaincre ou à
mourir pour la délivrance de la patrie.
Il y a quelques jours, mon ami, M. Auguste Boppe, ministre de France
auprès du gouvernement serbe installé à Corfou,
m'écrivait :
« Vous avez appris de quelle admirable façon les
Serbes se sont réunis à Corfou. Ceux qui les ont connus
à Scutari ne pouvaient les reconnaître quand ils sont
partis pour Salonique. Quels soldats admirables ! »
C'est pour vous, Messieurs les réfugiés, que j'ai cité ce fragment de lettres.
Il ranimerait vos espérances, votre foi dans l'avenir de votre
pays si elle avait besoin d'être ranimée. Que du moins il
contribue à cicatriser les plaies de vos âmes meurtries et
les emplisse d'un légitime orgueil !
Je vous ai dit, Mesdames et Messieurs, que la vie matérielle de
nos réfugiés était assurée,
c'est-à-dire le nécessaire. Toutefois, ceux qui les
approchent avaient cru s'apercevoir qu'il en était parmi eux de
plus éprouvés que d'autres, à qui manquait un peu
de ce superflu dont les habitudes d'une existence confortable font
presque une nécessité.
De là, l'idée touchante dont l'honneur revient à
M. le Sous-Préfet d'Yvetot et à Mme Piettre d'organiser
cette réunion dont nos réfugiés seraient les
protagonistes et dont le profit leur vaudrait un peu plus de
bien-être. Mais quand on a sollicité leur concours en leur
disant pourquoi, ils ont déclaré qu'il le donnerait avec
joie, mais en témoignage de gratitude envers la France et au
bénéfice de la Croix-Rouge française.
— Quant à nous, ont-ils dit, nous n'avons besoin de rien, les
moins malheureux s'étant entendus entre eux pour venir en aide
à ceux qui le sont davantage.
C'était un beau geste, Mesdames et Messieurs, un
révélateur de ce que peut contenir de noblesse et de
dignité l’âme des proscrits quand ils souffrent pour une
grande cause. Il a bien fallu s'y soumettre.
— Soit, au bénéfice de la Croix-Rouge française,
a-t-on répondu, mais aussi à celui de la Croix-Rouge
serbe.
Voilà mes chers compatriotes, toute la genèse de la réunion d'aujourd'hui.
Elle ne me laisse rien à ajouter. Si j'étais ainsi
à la table d'un festin, je lèverais mon verre à la
résurrection victorieuse de la Serbie. Associez-vous à ce
toast idéal en applaudissant au spectacle qui va vous être
donné.
Ernest Daudet
Paris en décembre dernier
Impressions intimes d’un jeune homme expatrié
Je les dédie à toi, mon
cher Bane, ces pages sincèrement écrites, à toi
qui as su donner ta belle jeunesse à la patrie, que tu aimais en
vrais patriotes.
C’était, dans une rue non loin du grand marché de
Belgrade, une maison à deux étages, nouvellement
construite, dont la façade, on rembrunie par le soleil qui
l’inondait les clairs jours d’été et fatiguée de
supporter cette chaleur, se résigner à regarder
silencieusement les eaux agitées du Danube et l’immense plaine
de Banat qui s’étend à perte de vue.
Dans la journée c’était par là le tapage de tout
le monde qui va au marché pour vendre ou pour acheter. Le soir
venu, le bruit cessait et la rue reprenait son aspect tranquille,
interrompue de temps à autre, par le coassement des grenouilles
venant du fleuve et cette musique endormait et réveillait les
habitants de tout ce quartier.
Tous les soirs, est toujours à la même heure, la porte
d’une chambre de l’appartement du premier de cette maison s’ouvrait et
alors entraient des jeunes gens qui, à en juger par leur
façon, y étaient chez eux ou avaient bien l’habitude d’y
venir.
Le refuge de ces jeunes gens était bien modestement
meublé : une table au milieu, quatre chaises autour, un divan
à côté, l’étagère à livres
contre le mur, quelques tableaux d’auteurs favoris accrochés
par-ci, par-là, sans oublier les vrais amis de ces jeunes gens :
la lampe à abat-jour, posée sur la table, mignonne et
docile, et le poêle écossais, le bon compagnon des longues
nuits d’hiver.
Le jeune homme auquel ce petit coin servait de cabinet de travail,
avait comme les autres du reste, un culte d’amitié pour cet
endroit qui avait tant entendu les raisonnements et les projets de ses
visiteurs, riches en idée : celles-ci étaient nombreuses
comme les rayons se dirigeant vers leurs jeunes visages du milieu de la
lampe sous laquelle il venait s’abriter tous les soirs.
C’était à l’époque où ils préparaient leurs examens de baccalauréat.
Les belles nuits de mai, auxquelles Alfred de Musset doit ses plus
belles poésies, douces et bourdonnantes d’une
légère tristesse et pleines d’étoiles dont
l’énigmatique frissonnement charmait le berger d’Alphonse Daudet
qui en cherchait naïvement la cause, réveillaient chez les
quatre jeunes hommes, courbés sur leurs livres, l’image de leur
combinaison et de leurs rêves : Paris. Le Paris chevaleresque et
noble de jadis et le Paris actif et intellectuel d’aujourd’hui ! Le
Paris d’Alexandre Dumas père, et celui d’Anatole France !
Cela les faisait travailler plus énergiquement comme les examens approchaient.
Aucun des deux n’entendait, dans les vagues murmures du fleuve d’en
bas, les avertissements fatals des événements proches,
qui ont fait que les quatre jeunes hommes, les examens passés,
au lieu d’aller réaliser leurs idées, se sont
dispersé chacun de leur côté, pour servir de leur
mieux la patrie en danger.
Il y avait un amour plus fort que celui de ce petit refuge,
c’était l’amour de la patrie menacée, de la patrie ayant
besoin de tous ses fils, pour résister à l’adversaire
bien plus nombreux et beaucoup mieux préparé.
Le petit coin adorait et toutes ces choses, si étroitement
liés à leur existence d’alors, ont été
abandonnés et subitement, sans adieu, même sans un amical
sourire.
Ne vous fâchez pas, pauvre mignonne chose, vous gardez le plus
cher de ce qu’ils ont pu vous donner : leur belle jeunesse de 20 ans,
souriante et fraîche. Gardez-la bien, ils viendront vous la
demander un jour, telle qu’ils vous l’ont laissée. Gardez la
bien, pauvres mignonnes choses.
A Marseille, au moment de monter dans le train qui devait m’amener
à Paris, je me suis rappelé, — étant un de ces
quatre jeunes hommes dont l’un, fils d’un de nos auteurs dramatiques
les plus éminents, est tombé au champ d’honneur quelques
jours avant le commencement de notre pèlerinage fatal, et dont
les deux autres sont avec nous dans le pays dont la pensée
obsédait leur tendre jeunesse, — je me suis rappelé,
dis-je, ce récent passé beau et douloureux.
— Le lendemain matin de ce jour-là, dans un hôtel de la
rue de Rivoli, je ravivais de nouveau les souvenirs de cette vie, jeune
et attrayante, passée dans mon beau pays lointain et martyr.
Les rayons tachés du soleil et de décembre entraient
anxieusement dans la chambre et s’amusaient à caresser le maigre
visage du nouveau venu. C’était sa façon de souhaiter la
bienvenue à ce jeune malheureux.
Je m’approchais de la fenêtre et je vis le soleil de Paris, un
petit trou clair creusé dans le ciel nuageux, dont les faibles
rayons paraissaient être les larmes d’une douleur silencieuse et
discrète.
Une fois dans la rue, marchant du pas incertain de l’étranger
dans la ville inconnue, j’ai éprouvé le même
sentiment.
En regardant les femmes en deuil, dont les visages portaient des traces
de souffrance, les hommes empressés les taciturnes, les maisons
tristes et mornes, la rivière chantant quelque chose
d’incompréhensible, qui faisait pleurer, je sentis la nostalgie
: car j’ai vu dans les tristes visages de ces femmes et de ces hommes,
les visages de nos mères et de nos soeurs, de nos pères
et de nos frères laissés là-bas, dans le pays
souffrant comme celui-ci ; dans ces maisons languissantes le reflet de
nos foyers abandonnés, dans la Seine coulant doucement notre
Save autrefois coquette, tranquille et taciturne ; dans le jardin du
Luxembourg, ce rendez-vous de jeunesse, dont les arbres grelottaient de
froid, notre Calimegdane qui en ce moment-là gémissait
lui aussi dans sa jeunesse gaie et insouciante.
Mais dans cette atmosphère où tout était en deuil,
où tout peut régler mort pour ce géant de Paris et
le beau pays de France, il y avait de l’énergie et de la
persistance.
Je ressentis un amour de cet endroit, analogue à celui du pays
qui cache ce qui m’est le plus cher ; je sentis que je l’aimais et que
je l’aimerai.
En rentrant à l’hôtel, j’ai caressé amicalement des
yeux les eaux de la Seine et regardé tendrement de la terrasse
du parc des Tuileries, le petit soleil de Paris qui attendait
patiemment le jour où ses vifs rayons nous annonceront
brillamment la victoire.
— J’ai compris la France, je l’aimais et je l’aime toujours plus chaque jour.
Radovane Petrovitch
Discours de M. Wladislav Petkovitch
Traduit en français et lu par M. Bora Martinatz, étudiant en droit.
Mesdames, Messieurs,
Je vous prie d’être ce que vous êtes toujours : indulgents
envers les faibles, bienveillants envers ceux qui n’ont pas
d’expérience. Si je commets des fautes dans ma causerie, ce ne
sera pas la peine de me corriger, le temps le fera. Car je suis le
fils, l’humble fils de ce peuple, qui est embrassé par
l’héroïsme et la douleur. Je suis le fils faible de mon
peuple et les faibles peuvent devenir forts seulement avec le temps.
Je vous prie de me permettre de vous remercier et comme Serbe et comme
membre de la présente Colonie, de tout ce que vous avez fait, de
tout ce que vous faites, de tout ce que vous ferez pour nous. Et si je
n’y réussissais pas non plus, j’en assume sur moi toute la
responsabilité et c’est seulement à moi que vous devrez
adresser vos reproches.
Excusez-moi, Messieurs, de me présenter si embarrassé
aujourd’hui devant vous, et ne vous étonnez pas si je suis
plutôt triste que sérieux.
Si je lève parfois la tête, je vous en prie, comprenez-moi
; ce ne sera pas de gaîté, mais de fierté, de
fierté d’être chez vous, d’être avec vous. Car le
temps de mon bonheur est disparu avec la liberté du peuple
Serbe. Nous sommes sans patrie.
Et maintenant, Messieurs, si cela vous plaît, je vous invite
à repasser avec moi quelques pages de l’histoire du peuple
Serbe, histoire qui n’est pas encore finie et qui n’a pas encore son
nom.
Le 5 octobre 1915, l’année dernière, en Serbie, n’a pas
été un jour comme les autres. Sitôt le soleil
couché, un infernal tonnerre s’entendait quoique la
soirée fut calme et le ciel serein. C’était le salut que
les deux mille canons de Mackensen adressaient au soleil couchant. Et
l’orgie sanglante commençait.
Cinquante-deux heures sans cesser les canons ont tonné. Dans les
villes et les villages, aux environs, les fenêtres ont
tremblé pendant deux nuits et demie et les enfants ont
pleuré.
Et quand il sembla au généralissime teuton que la
première partie de son programme sanguinaire était
réalisée et que le terrain était nettoyé,
la troisième nuit, vers minuit, il commença à
jeter par-dessus le Danube ses troupes.
Mais comme il a été surpris ! Dans ce fracas et le
tonnerre, le ciel était resté calme, le bleu Danube
était resté calme ; mais le soldat serbe étaie
resté calme aussi : il se taisait et attendait tranquillement
dans sa tranchée. J’ai été alors sur le Danube,
vers la ville de Pozarevatz, comme correspondant militaire. J’ai
toujours connu notre soldat, ce qu’il est avant le combat et ce qu’il
est pendant le combat.
Cette fois-ci, comme d’habitude avant le combat, il était calme
; il n’avait pas peur de l’Allemand, quoiqu’il le sût redoutable.
Au contraire, il était gai d’avoir l’occasion de l’affronter :
« Combattons jusqu’au bout et advienne ce que pourra !
» Et voilà comment ils se sont rencontrés avec les
Boches.
Quand la nuit du 7 octobre sur Doubravitza (l’endroit qui se trouve au
bord du Danube), les quatre bataillons du Vardar on fait en seize
heures sept attaques et jeter les Allemands dans le Danube. Et au
premier crépuscule, il ne restait aucun Allemand
près de Doubravitza, mais il ne restait aucun Serbe non plus.
De pareilles luttes ont obligé Mackensen à demander le
septième jour de son offensive des secours, si les Bulgares
n’attaquaient pas immédiatement la Serbie.
Et le félon a voulu rester toujours fidèle à la félonie et la Bulgarie nous attaqua le 17 octobre.
Et il arriva ainsi que la surprise qui était tombée sur
la tête de Pathoren, généralissime
préféré de François-Joseph, évita
Mackensen à qui le soldat serbe pourtant préparait aussi
de grandes surprises. Et lui, le soldat serbe, qui a porté
toujours la couronne de la victoire sur sa tête fière, a
reçu en pleine poitrine des défaites si grandes et de si
grands malheurs, que jamais jusqu’à présent ni l’homme ni
Dieu n’en ont vu de semblables.
Arrêtons-nous ici.
Pendant quatre jours, jusqu’au 17 octobre, les troupes qui
étaient sur le Danube ignoraient leurs nouveaux ennemis. Les
combats avaient déjà eu lieu sur notre territoire, et
quoique les troupes fussent en petit nombre, ils résistaient
tout de même à l’ennemi.
Mais le cinquième jour, toutes les troupes apprirent la nouvelle
non seulement de l’attaque bulgare, mais aussi de la chute d’Uscub,
Vranjé et d’autres villes. La débâcle nous
survolait ; on battait en retraite ; les luttes contre les Allemands
avaient cessé, le terrain se perdait, morceau après
morceau, comme dans un déluge. Et chaque jour les malheurs
augmentaient. L’enfer descendait sur la terre et le peuple Serbe y
descendait de plus en plus, et quand on arriva à Durazzo, le
calice était vidé jusqu’à la lie.
Et voilà maintenant quelques images qui sont restées vivantes dans ma mémoire, de cette tragique retraite :
Nous voilà à la montagne de Merdare. Nous n’avons aucun secours, aucune ambulance.
C’était la nuit, il faisait froid, il faisait du brouillard. Le
capitaine était assis, la tête dans les mains, et les
soldats dispersés. Tout d’un coup un soldat l’aborda : «
Capitaine, je ne peux plus me battre ». « Pourquoi »
? Lui demanda l’officier en levant la tête. « Si
j’étais sur de tomber mort, cela irait bien ! Mais si
j’étais blessé, alors quoi ? Vous n’ordonnerez
sûrement pas qu’on me tue ; du reste personne ne voudra me tuer
», ajouta le soldat comme réfléchissant en
lui-même. Tous se taisent. L’officier, la tête levée
haut, regarde non le soldat, mais vers quelque part au loin dans la
profonde nuit qui était déjà tombée sur la
Serbie.
Nous voilà à Kossovo. Les équipages militaires,
traînés par les boeufs, marchent encore. Où ? Les
troupes fatiguées et épuisées marchent encore.
Mais où ?
Nous voyons quelques garçons de 15-18 ans retournant dans leurs
foyers que l’ennemi a déjà occupés. Ils retournent
tiraillés par la faim. Ils sont allés quelque part,
n’importe où, en avant, pour ne pas tomber seulement aux mains
de l’ennemi, et maintenant ils retournent. Les voilà qu’ils
abandonnent en ce moment la route et marche à travers une
prairie, leurs doigts dans la bouche. Tout cela nous paraît
ordinaire. Mais tout d’un coup, on voit le fleuve Lab comme se remuer :
les garçons y disparurent, l’eau les avait engloutis.
« Ah ! » criaient les uns.
« Ah ! mon Dieu ! » criaient les
autres. Mais s’ils nous avaient demandé un morceau de
pain ! Et les boeufs, les têtes courbées sous les
jougs, traînaient les chariots au bruit grinçant des roues.
Nous voilà à Zljeb, aux portes du
Monténégro, ce pays qui n’est couvert que par des roches.
On traverse encore des montagnes par des chemins de chèvres.
Deux garçons y marchent. Le jeune, âgé de 14 ans au
plus, mène un cheval. L’aîné, âgé de
16 ans environ, tenait une femme montée sur le cheval est
liée à la selle. Ces garçons, ce sont ses fils.
Leur mère ne peut plus marcher. Est-elle fatiguée ? Non !
non ! Elle n’est pas fatiguée, elle est morte, morte en route.
Les enfants la mènent jusqu’au premier village ou plutôt
jusqu’au premier morceau de terre pour l’y ensevelir.
Plus loin, dans un creux des roches, était assis un soldat
serbe. Son visage était si convulsé qu’on eût dit
qu’il était déjà une fois dans le tombeau. Sa
bouche était ouverte. Dans la main gauche il serrait quelque
chose de noir. Est-ce un morceau de terre ? Je m’approche davantage.
Tiens ! du chocolat. Quelqu’un qui avait encore un peu de coeur lui a
donné par pitié ce morceau de chocolat, au dernier
moment. Mais trop tard ! L’éternité séparait
déjà sa main de sa bouche.
Nous sommes à Scutari. Dans une rue, quatre soldats
marchent, leur visage est noir de poussière, on dirait quatre
fantômes. Chacun d’eux porte un morceau de pain blanc, ils le
portent aussi tendrement qu’une mère qui porte son enfant.
J’arrêtais l’un d’eux : « Est-ce que tu vends du pain mon
vieux ? » Il me regarda d’abord doucement et puis ajouta :
« Non, Monsieur, je ne le vends pas, il y a un mois que je n’en
ai pas vu et maintenant le vendre. Ah ! Non ! Je l’ai embrassé
sept fois, Monsieur, et je l’embrasserai encore ». Pieusement il
le porta à sa bouche et l’embrassa.
Mes yeux se remplirent de larmes. Il me regarda de nouveau et je sentis que quelqu’un me bénissait.
Voilà encore un exemple, vous l’avez ici devant vos yeux : c’est
notre souverain, notre bon roi Pierre, qui a traversé toute
l’Albanie en chariot de boeufs.
Mais, assez ! Mesdames, Messieurs. Laissons l’Albanie et le
Monténégro, laissons la Serbie qui repose à
l’ombre des tristes saules, et ajoutons encore quelques mots. A la fin
de l’année dernière et au commencement de cette
année, les bateaux, les uns après les autres,
atteignaient les côtes françaises. Ils apportaient avec
eux les impuissants débris du libre peuple Serbe. Mais ces
impuissants débris se remirent promptement devant le coeur
français qui battait si ardemment pour nous ; devant l’âme
française qui nous réchauffait par sa bonté et sa
bienveillance, par toute sa bonté et toute sa bienveillance.
Et ainsi le sort a donné à la France, pays de
liberté, un nouveau rôle : celui de recevoir chez elle un
peuple qui est tombé pour la liberté, mais qui par la
victoire de la France, de la Russie et de l’Angleterre, la conquerra de
nouveau. Et vous, Français, vous nous avez ouvert largement vos
portes. Nous étions abattus, vous nous avez remontés.
Nous étions dans le désespoir, vous nous l’avez
écarté. Nous avions perdu la foi et en l’homme et en Dieu
; chez vous, nous l’avons retrouvée.
Dans votre complaisance, vous n’aviez pas de limites, si ce n’est
seulement la question d’améliorer notre sort. Les meilleurs
exemples en sont les colonies Serbes qui se sont dispersées dans
toute la France.
Mais je ne veux pas abuser plus de votre attention, aussi ne vous
parlerai-je pas de cette Colonie aux Petites-Dalles et ne vous dirai-je
pas à quel point nous nous y trouvons bien !
Mais je dois mentionner que vous nous avez permis de donner ce concert,
que vous nous avez permis ce dont vous vous privez vous-même.
Je dois dire aussi que la couronne de tout cela, c’est la
présidence de M. le préfet de Rouen qui, malheureusement
empêché d’y assister personnellement, est remplacé
aujourd’hui par l’honorable M. Piettre, sous-préfet d’Yvetot.
De même, l’honneur de tout cela c’est la présence de M.
Ernest Daudet, le digne frère de son illustre frère, qui
préside aussi le concours particulier à ce concert.
Remercions aussi tous ceux qui ont bien voulu nous prêter leur
gracieux concours. Tout cela, c’est la grâce et la musique.
Merci à tous ceux qui ont voulu nous faire l’honneur de leur présence. Merci à tous !
Mesdames, Messieurs,
Quand le grand jour sera venu pour nous de retourner dans notre patrie,
nous quitterons la France, cet asile de repos et d'espoir.
Je vous en prie : gardez un bon souvenir de nous, car nous vous avons
aimés, même alors que nous avons douté. Nous vous
avons aimés, nous vous aimons, nous vous aimerons toujours,
toujours.
Et demain, quand nous serons rentrés dans nos foyers, si nos
mères sont encore en vie, elles nous accueilleront et nous
demanderont : « Comment étiez-vous en France? » Nous
leur répondrons : « Nous y étions bien ». Si
nos femmes et nos soeurs sont encore en vie, elles nous accueilleront
et nous demanderont « Comment étiez-vous eu France ?
» Nous leur répondrons « Nous y étions bien
». Si nos enfants, qui ont connu les plus grandes épreuves
de ce monde, sont encore en vie, ils nous accueilleront aussi, mais
leur bouche ne saura pas nous poser cette question ; ils nous
demanderont tout simplement « Où et donc cette France
? ».
Au lieu de leur répondre, nous mettrons la main sur notre coeur
et nous leur dirons : « Voilà, la France est ici !
», et nos enfants nous comprendront bien.
Mesdames, Messieurs, vive la France !
Wladislav Petkovitch
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Historique de la Colonie
Compte-rendu du concert
Venir en France et la connaître, c’était le rêve de
nous tous. Et ce qui n’était pas possible à beaucoup
d’entre nous pendant la paix, nous est destiné pendant la
guerre, au moment de nos plus grands malheurs nationaux et particuliers.
Pour l’avenir de nos familles restées dans nos maisons, avec nos
biens, nous partîmes nombreux pour fuir l’invasion, loin de
l’ennemi commun ; mais arriver en France ceux d’entre nous, seulement,
qui eurent la chance de résister aux souffrances de toutes
sortes : faim, froid, fatigue, endurées en Albanie, et ceux qui
purent se défendre des attaques des Albanais.
Nous sommes maintenant dispersés par groupes plus ou moins
nombreux dans différents points de la France, notre seconde
patrie, où nous sommes reçus aussi bien qu’il est
possible de l’être et il est bien certain que nous ici, aux
Petites-Dalles, le somme mieux encore que partout ailleurs.
Ce qu’on fait pour nous et la façon dont le font Monsieur le
Sous-Préfet d’Yvetot et madame Piettre, représentants du
Gouvernement Français, ainsi que Monsieur Certain, maire de
Sassetot, nous obligent pour toute notre vie et nous ne les oublierons
jamais.
La générosité du peuple français sera
racontée, chez nous, de génération en
génération.
Les premiers réfugiés serbes sont arrivés dans
cette colonie, aux Grandes-Dalles, le 27 janvier 1916 (n. s.), le jour
de Saint-Sava Serbe et, de ce jour jusqu’à aujourd’hui, nous
fûmes 133. Aujourd’hui, la colonie compte 83 personnes, dont 23
dames et 60 messieurs.
La colonie a déménagé des Grandes-Dalles aux
Petites-Dalles le 23 mai 1916, installée à l’hôtel
des Pavillons et à la villa Kermor, d’une façon telle que
l’on ne croirait pas à une colonie de réfugiés.
Accueillis chaque jour comme de bon et vieux amis, nous avons pu nous
ressaisir et préparer un concert au profit de la Croix-Rouge
Française et Serbe.
Le concert qui a eu lieu le 24 août, à 3 heures, a eu un
tel succès qu’il a dû être redonné le
même soir à 9 heures. La recette totale des deux concerts
et de 1.384,80 fr., dont une somme de 1000 fr. est remise à
Monsieur Piettre pour envoyer 500 fr. au général Sarrail,
à Salonique, pour la Croix-Rouge Serbe et 500 fr. pour la
Croix-Rouge Française à Yvetot.
A cette occasion, au nom des membres de la colonie, je remercie tous
les auditeurs et plus particulièrement M. Ernest Daudet pour son
intéressante causerie pour laquelle cette brochure est
imprimée, ainsi que les autres personnes qui ont pris part au
concert, notamment Mademoiselle Piettre qui en a organisé une
grande partie et a fait beaucoup pour son succès, ainsi que
Mesdemoislles Giron, Nicole Anckier, Duval, Leroyer, Monsieur Francin,
Mesdemoiselles Schaeffer, Bredaut qui ont bien voulu prêter leur
concours.
De même, au nom des membres de la colonie, je remercie Monsieur
le Préfet de la Seine-Inférieure et Madame Morain qui ne
nous oublient pas quoique n’étant pas tout près de nous,
Monsieur le Sous-Préfet d’Yvetot, Madame et Mademoiselle
Piettre, qui viennent nous voir journellement et font pour nous tout ce
qui est possible de faire, Monsieur et Madame Certain, Monsieur
Bourdon, qui s’occupent de la colonie et s’empressent toujours pour
nous être agréables.
Nous ne pouvons pas laisser passer cette occasion sans remercier :
M. Alfred Morain, Préfet de la Seine-Inférieure ; Madame
et M. Piettre, Sous-Préfet Yvetot ; M. H.-O. Beatty, directeur
général de l’American Relief Clearing Hause (5, rue
François-Ier, à Paris) ; M. Lepicard, maire de Canouville
; M. Leconte, représentant de la Bénédictine de
Fécamp ; M. Pesquet, percepteur à Lillebonne ; Mme
Greulich ; M. Cochaux, de Paris, dont les dons en argent comptant font
une somme de 700 francs, qui est distribuée aux
réfugiés de la Colonie les plus nécessiteux par M.
Certain, maire, ou par le directeur de la Colonie.
L’American Relief Clearing Hause et son directeur général
M. H.-O. Beatty, par l’intermédiaire duquel nous recevons des
nobles Américains des dons en vêtements, linge,
chaussures, etc., pour dames, messieurs et enfants, et dont, par Madame
Piettre, nous avons, jusqu’à présent, reçu 2.393
articles, distribué 1.830 articles ; il reste à
distribuer encore 563.
M. Bourdon, le directeur d’Ecole ; Mlle S. Dutot, directrice d’Ecole ;
Mlle Fautrat, institutrice ; Mlle A. Delettre, institutrice, qui,
pendant plusieurs mois, ont donné des leçons de
français aux membres de la colonie.
Les rédactions du Temps, du Journal des Débats, du
Figaro, du Matin, du Journal, de l’Illustration, des Annales Politiques
et Littéraires, de la Femme chez elle, qui envoient
régulièrement leurs journaux gratuitement.
Les éditeurs de musique : MM. Heugel, Choudens, Max Eschig,
Marcel Labbé, Enoch et Cie, qui ont envoyé des partitions.
Vive la Serbie, notre Patrie !
Vive la France, notre seconde patrie !
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